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Résumé
Esthétiques Faire rire. Tel est avant tout le but du cinéma burlesque. Si ce livre entreprend la généalogie d'un genre comique protéiforme qui part de la littérature, passe par les arts de la scène et du cirque, se rencontre dans les arts picturaux et trouve son âge d'or (pour reprendre l'expression de James Agee) dans les figures de la grande « cène » burlesque hollywoodienne, l'auteur y démontre que l'essence du burlesque repose sur un exercice particulier du geste, un exercice subversif. En effet, le burlesque au cinéma est toujours basé sur la gestuelle d'un ou plusieurs personnages : silhouettes, allures, façons d'agir, de réagir et de se mouvoir qui ne sont jamais ordinaires et provoquent les actions remarquables, les détours et les déplacements que sont les gags. L'hésitation d'Harry Langdon, la façon dont Charlot utilise dans l'instant un objet pour un autre, la poursuite permanente dans laquelle sont engagés les Keystone Cops, la course ininterrompue de Keaton, la logorrhée de Groucho Marx ou la vocifération intempestive de W.C. Fields sont autant de gestes - ou de paroles qui font gestes -qui forment le mode d'existence, la façon d'être de chacun de ces personnages. Or les héros burlesques incarnent une forme de refus : leurs gestes sont des défis, leurs actes nous soulagent, leur présence même est une promesse d'attentat et leurs victimes sont aussi les nôtres. Loin de châtier les moeurs par le rire qu'ils provoquent, ils ne nous donnent pas de leçon : ils agissent, et leurs actes sont d'autant plus jouissifs qu'ils sont parfaitement gratuits, souvent injustifiables et parfois fous. C'est cette folie, paradoxalement pleine de sens, qui donne au geste burlesque toute sa puissance, toute sa force politique - pour rire... mais pas seulement.