Germinal

10 août 2021 Souvent, on ne lit plus Zola (ni Balzac) après les classes. J’avais lu sur les bancs l’Assommoir. J’en ai toujours un souvenir marquant. Mais c’est un accident qui m’a fait retourner à son écriture, plus d’une dizaine d’années après. - Noyer en est le verbe, noire est la couleur, percée à peine et seulement par des lumières qui ne réchauffent jamais. Juste avant les dix dernières pages, j’ai du finir par lire en plein jour et à voix haute pour filtrer, pour aérer ce gouffre interminable, abominable, qui m’étouffait avec ses personnages. Quelle horreur ! Quelle horreur illisible ! J’hésitais même à vouloir moi-même en finir et fermer le livre. J’en avais une nausée qui ne m’avait pas regagnée depuis le Voyage au bout de la nuit. Les quelques pages qu’il réserve aux quelques animaux de l’histoire sont les plus compatissantes, d’une tristesse humanisante (plus d’ailleurs que pour les hommes qui deviennent au contraire des bêtes, grouillantes) mais elles sont, et en partie pour cela même, très difficiles à lire aussi. Les multiples notes qui renvoient au travail de témoignages accomplis par Zola pour écrire Germinal, nous en fait subir encore la dure réalité, même si le style - et quel style !- nous enfonce plus loin dans la nuit. Pour celle-ci, ça ne pouvait être que Zola. Le dernier soleil qui justifie le titre est très pâli pour un lecteur de 2021, assommé par des informations politiques toujours plus alarmantes, mais Zola sauve, littéralement, son lecteur avec ce dernier espoir de la germination, le faisant partir avec Lantier dans des dernières phrases magnifiques et aussi inoubliables que la nuit traversée. Et dire que quelques décennies plus tard, ce ne serait plus la mine mais la guerre des tranchées pour crever les hommes dans la terre ! Avec cette question épouvantable encore : et pour quoi ? J’en ai toujours, rien que d’y penser une révolte au ventre. Œuvre historique. Qu’elle existe me semble inouï, et j’ai tant à lire encore. Heureusement, la littérature, l’art.

Lu par obligation au collège (je ne sais plus en quelle classe), il me semble qu'aucun autre roman, peu importe lequel, depuis lors, ne m'a jamais procuré le même effet. J'ai adoré, tout simplement. Je l'ai lu en 4ème vitesse, j'étais en totale symbiose avec les personnages, qui m' attristaient et en même temps qui me galvanisaient. J'étais tellement fière d'eux, les voir se révolter, perdre et reprendre espoir, remuer ciel et terre pour s'en sortir, la Maheude qui était obligée de se rabaisser aux pires choses pour assurer la nourriture à sa famille, les accidentés, les décédés, la pauvreté... Et pourtant, pourtant, au fond, tout au fond, l'espoir du changement. Un vrai, un grand roman, un hommage au petit peuple qui, aujourd'hui encore, fait la majorité de la France et qui, de nos jours, est encore laissé-pour-compte. Les choses n'ont pas beaucoup changé depuis...

Je n'avais jamais étudié Germinal en cours, et il prenait la poussière dans un coin de mon étagère. Il faut un peu de courage pour se saisir de ce classique poussiéreux, pour rentrer dans un texte parfois technique quand on ne visualise pas trop comment fonctionne une mine. Et ensuite le talent de Zola fait le reste. Il n'existe plus rien au tour, que ces femmes et ces hommes brisés et luttant pour améliorer leurs conditions de vie. Le livre est violent, les morts se succèdent et il n'y a que les dernières pages, voir dernières lignes, qui parviennent à nous redonner un peu d'espoir. Les mines du Nord Pas de Calais ont peut-être fermées, mais il en reste ailleurs dans le monde, et la misère en France a de nouveau visages. Lisons encore Zola pour ne pas oublier.

Un texte merveilleusement bien écrit, d'une richesse linguistique appréciable, et qui permet une plongée dans le monde des mineurs au 19ème siècle. Le réalisme est saisissant, effroyable mais ainsi, le lecteur est pleinement plongé dans ce texte. Il faut avoir lu ce livre et si, on en a la possibilité, visiter un centre minier pour se rendre compte de la réalité des descriptions.

Bien meilleure lecture que lorsqu’elle m’a été imposée il y a une dizaine d’années pour le BAC de français… J’ai beaucoup beaucoup aimé ce classique ! Faisant la paix avec Zola. Avec un peu plus de maturité et de recul c’était un plaisir de le lire. L’édition par contre n’est vraiment pas agréable, aucun des termes techniques liés à la mine n’est expliqué (alors qu’aujourd’hui très peu ont des aïeuls qui ont vécu cette époque donc peu de chance de savoir…), par contre beaucoup de textes en note pour expliquer pourquoi Zola ci pourquoi ça…une lourdeur digne de Daphne Burki sur les cérémonies des JO (pour recoller à l’actualité..)