Monique s'évade

L'auteur décrit ici comment il a épaulé sa propre mère dans son "évasion", face à son 3ème compagnon, violent, comme ses 2 précédents maris. Un récit simple, sur une femme simple, autour d'une question essentielle : la liberté, en particulier celle d'une femme, a-t-elle un prix ? J'ai aimé ce livre, certes court (161 pages), mais dont le sujet est toujours aussi actuel. L'emprise, la violence conjugale, la liberté sociale entre autres sont abordées d'une façon intéressante, abordable. Pas loin de l'essai sociologique selon moi. Le récit, autobiographique donc, fait écho au 1er livre que j'ai pu lire de cet auteur "Pour en finir avec Eddy Bellegueule", qui racontait l'enfance pauvre et violente de l'auteur, et était déjà remarquable.

« Je ne sais pas pourquoi j’ai une vie de merde comme ça, pourquoi je tombe que sur des hommes qui m’empêchent d’être heureuse je mérite quand même pas de souffrir autant, est-ce que j’ai fait quelque chose de mal ? » Livre extrêmement bien écrit où l’auteur veut sauver sa mère de l’emprise d’un compagnon violent et alcoolique. Le 3e à son actif. S’il n’avait pas si bien vendu son premier livre, puis les autres, aurait-il pu aider sa mère ? Elle vit sans aide, sans presque rien. Quand elle ne dépend pas d’un homme qui l’a soumis et obligé à élever ses enfants, démunie, vivant dans une pauvreté que Edouard Louis a lui même vécu, de quoi et comment peut-elle vivre ? Comme un juste retour des choses, mais sans que le donnant-donnant soit un enjeu, Édouard Louis souhaite offrir une nouvelle vie à sa mère, la libérer de cette emprise. S’occuper d’elle, c’est découvrir qu’elle ne sait pas se servir d’un ordinateur, qu’elle n’a jamais pris l’avion. C’est une femme simple et pauvre à qui on ouvre les portes des premières fois. Il fait le constat de son évolution et des changements que cela opère sur elle. J’ai beaucoup aimé la référence à Virginia Woolf, Une chambre à soi. C’est réfléchi, intelligent et à la fois simple et plus lumineux que dans les précédents livres de l’auteur. Et je ne me lasse pas de lire sa plume, qui s’aiguise et transmet un peu plus à chaque livre de sa vie d’avant. Qui sera le prochain portrait ?

Jamais déçue par Édouard Louis mais gros coup de cœur sur celui-ci qui est maintenant mon préféré de sa bibliographie ! Je l'ai lu d'une traite, je n'arrivais plus à le lâcher de mes mains . Je recommande absolument.

Il y a tellement de tendresse, de respect pour le parcours de la femme qu’est sa maman mais aussi d’honnêteté dans ce récit. Beaucoup d’émotions. Et lorsque vous avez entendu une interview d’Edouard Louis, avec sa douceur et son phrasé particulier juste avant de commencer la lecture, vous lisez le livre avec l’impression qu’il vous le raconte à l’oreille.

J’adore ce que fait Édouard Louis, il nous plonge dans des questions, offrant la possibilité de trouver nos réponses. Un beau témoignage sur la liberté, des larmes ont été versés.