Sur les sentiers de la Terre. Vol. 2. Sur le sentier quechua

Lorsque je suis arrivé à l'aéroport d'Arequipa, les familles d'accueil m'ont salué chaleureusement. C'était le grand jour. On allait enfin pouvoir serrer dans ses bras les hôtes de Marseille qui avaient alimenté tant de conversations depuis le fabuleux voyage de l'an passé. Je m'approchai du groupe des enfants, rassemblés sur un des alignements gris des sièges de la salle d'attente. Ils étaient tous silencieux, comme recueillis, attendant sagement leurs amis de France. Poliment, ils ont répondu à mes poignées de main, l'esprit résolument ailleurs. Au fur et à mesure que je croisais le regard de chacun d'eux, je compris leur silence et leur recueillement. On avait allumé là une petite lumière vénérable et malicieuse que jamais rien, dans leur vie future ne saurait effacer. On a beaucoup, et souvent magnifiquement écrit sur la vertu des échanges et des voyages, sur le bien fondé des rencontres interculturelles, sur la nécessité de rapprocher les peuples pour s'émerveiller de leurs ressemblances et de leurs différences, sur les dures épreuves, aussi, qui jalonnent les vraies aventures, parce qu'elles bousculent les idées reçues, le conformisme et le confort de nos vies policées. A ce titre, l'Odyssée des enfants de l'école Bellevue de Marseille est une magnifique réussite. Je voudrais qu'elle ne s'arrête jamais, et que s'illumine longtemps cette petite lumière dans les yeux de ceux qui ont eu le bonheur de la voir passer.