Pukhtu. Primo

Il y a du Ellroy dans la complexité de l'intrigue, la profusion de personnages, le mélange fiction/réalité avec des personnages existants, du, sang, de la drogue, du sexe, de la politique... Très bien documenté, haletant, prenant... si tant est que l'on arrive à plonger dedans.

on le lache pas ce livre malgré la lourdeur du pavé et la difficulté à suivre la-les trames du « roman » . On y vit , on y respire - suffoque-, on partage la vie des protagonistes et on se plait presque à y etre avec eux dans ces luttes, ces jeux de pouvoirs, ces noirceurs et parfois ces rires . Parfait . DOA l’auteur entre directement dans mon top ten d’écrivains français.

Pour qui a déjà arpenté les terres afghanes en temps de guerre ce livre raisonne avec des teintes de réalisme et une intrigue complexe comme le sont les intérêts des personnages et états qui sont derrière. Un excellent livre qui se mérite tant il regorge de détails, personnages tout au long de la saga !

Un monde rude, violent, sans loi, mélant militaires, paramilitaires, mercenaires, talibans, espions en tous genres, journalistes, et habitant.e.s d'un Afghanistan défiguré par la guerre et le trafic d'opium. La précision géographique, matérielle, militaire et etnographique nourrit la puissance de ce roman, fresque d'une guerre sans ordre resituée dans les enjeux de la mondialisation. DOA est un chercheur acharné de documentation officielle, et de renseignements moins officiels, il vient piquer notre curiosité et modifier notre compréhension de cette guerre. Des passages sont insoutenablement réalistes, scènes de torture, exécutions cruelles, agressions sexuelles en tous genre, mysogynie et autres dérèglements humains parcourent le récit. On preferera le lire que de le voir au cinéma si cela devait arriver. Cependant des personnages émergent tant chez les talibans que chez les mercenaires d'une mystérieuse agence, dont on se souviendra sans doute longtemps. Et tout au long du roman, parmi les horreurs de la guerre, certains liens de grande valeur humaine apparaissent avec force : l'amour d'un père pour sa fille dans un pays où elles n'ont pas de valeur, amour qui le conduira par le deuil à une vengeance sanglante, l'amitié d'un militaire pour son camarade qu'il voit s'enfoncer dans la dope, l'amitié encore d'un mercenaire de la CIA pour un combattant pachtoune, la tendresse érotique entre ce même mercenaire lourdement armé et une prostituée afghane défigurée. En outre, on retrouve avec plaisir quelques personnages de "Citoyens clandestins" et du "Serpent au mille coupures", mais chaque roman peut être lu séparément. DOA nous donne un aperçu de cette guerre, terriblement complexe et aux intérêts crades, qui n'est pas seulement afghane, que l'on suit de loin, et qui n'en finit pas. Le personnage du journaliste m'a fait penser à celui de Christophe de Ponfilly, fasciné par le courage des afghans et désespéré de leur abandonpar nos démocraties. Il y a aussi le souvenir de ce long poème sur la guerre religieuse, "Les tragiques" d'Agrippa d'Aubigné, qui m'est revenu à la lecture de Pukhtu, autre époque autre guerre, un souffle poétique qui ne vous laisse pas dormir tranquille.

Ce roman (fiction?) richement documenté est une vraie claque, qui se dévore et vous marque pendant très longtemps ...