L'affaire Saint-Aubin

Ce nom évoque des souvenirs du temps où la nationale 7 était la route des vacances chantée par Trénet, un écho d’énigme politique sur fond de Guerre d’Algérie. Telle que Denis Langlois, qui eut à la connaître en tant qu’avocat de la Ligue des droits de l’Homme, choisit de la raconter, comme un récit déroulé étape par étape où ne manquent même pas les dialogues entre protagonistes, elle a tout d’un roman d’espionnage. Un vrai, avec barbouzes, traîtres, mort mystérieuse de témoin-clé. Tout commence en juillet 1964, avec le départ en vacances d’une famille de Dijon. Parents bijoutiers, trois fils bien sous tous rapports, convoi de voitures qui s’ébranle vers le Midi. La Volvo conduite par Jean-Claude, 23 ans, l’aîné d’Andrée et Jean Saint- Aubin, prend du retard. On la retrouvera enroulée autour d’un platane. Jean-Claude est mort, tout comme sa passagère de 16 ans, Dominique. Banal accident ? De quoi intriguer cependant les parents éplorés. Ils posent des questions, ont vite le sentiment de gêner. Si vous voulez comprendre tout ce qu’il peut y avoir d’acharnement, d’astuce, de capacité à encaisser le mépris, à se faire balader sans jamais renoncer, derrière cette expression si souvent citée qu’elle passe presque au rang de cliché – le combat d’une mère –, lisez Langlois. S’il y eut une affaire Saint-Aubin, et si elle aboutit, sans pour autant livrer tous ses secrets, c’est bien grâce à la lutte obstinée d’Andrée Saint-Aubin. (H. G.)