La popularité de ce livre sur Gleeph
Résumé
Après les éclatants succès de la linguistique synchronique, les études diachroniques ont à leur tour connu un développement considérable au cours des vingt dernières années. Ce renouveau est dû pour l'essentiel aux apports de la typologie fondée par J.H. Greenberg (1963) et développée par ses successeurs, ainsi qu'à la conceptualisation du processus de «grammaticalisation», et à certains développements récents de la grammaire générative. Les langues romanes, et le français en particulier, bénéficient comme peu de langues au monde d'une tradition écrite ininterrompue et très dense. Or les outils et les procédures nécessaires au traitement de très gros corpus existent désormais, et permettent l'analyse beaucoup plus fine et complexe d'un nombre infini de textes de genres très variés. Ces moyens puissants ont déjà conduit à éclairer des changements importants qu'une analyse moins fine n'avait pu évaluer et interpréter : ainsi du développement parallèle des démonstratifs, des déterminants et des pronoms personnels, ou des changements survenus dans l'ordre des mots. Nouvelles approches théoriques et nouveaux outils ont conduit les diachroniciens à remettre en cause le schéma de causalité légué par le 19èmes., qui procédait du phonétique au syntaxique en passant par la morphologie. Aussi, pour la première fois dans un ouvrage d'ensemble de cette sorte, la première place est donnée à la syntaxe et à la sémantique. Mais si l'explication par la phonétique s'est révélée insuffisante, il serait illusoire de croire qu'il suffit d'inverser l'ordre des causalités pour "expliquer" le changement. Notre option théorique a d'abord pour but de montrer que d'autres explications existent. Nous n'en sommes pas encore à pouvoir dire quelle est «la» cause de l'évolution des langues, mais de nouvelles voies sont frayées, qui se révèlent déjà riches d'enseignement concernant la faculté de langage et les processus cognitifs qui lui sont liés.