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Résumé
La philosophie a-t-elle quelque chose à dire sur le monde contemporain? Peut-elle intervenir dans des débats publics pour contribuer à éclaircir leurs enjeux et aider à mieux définir les conditions d'une réponse? La collection «Intervention philosophique» a pour ambition de montrer que l'on peut répondre positivement à ces deux questions. Il n'y a pas de philosophie sans exercice de la raison. Mais outre ses usages spéculatif et pratique, la raison philosophique a également une fonction de critique publique. C'est cet effet public de la philosophie qu'il s'agit de restituer par la publication de textes prenant position sur des questions d'actualité. Entre Islam et Occident, le conflit existe. Il est profond. Et il n'a pas débuté le 11 septembre 2001 car - sans remonter aux Croisades - il oppose deux civilisations dont les valeurs, depuis des siècles, ne sont guère compatibles. Les orientalistes qui le nient se bercent d'illusions. Les partisans de Huntington, qui croient à la mission salvatrice de l'Occident, font tout autant fausse route. Situation d'autant plus grave que, depuis la guerre des Six jours, le conflit en question a pris une forme aiguë, caractérisée d'abord par l'essor du mouvement islamiste, puis par celle d'un terrorisme international dont Al-Qaïda n'est qu'un relais parmi d'autres. Face à ces dangers (dont l'Europe aujourd'hui s'obstine à ignorer l'ampleur), la seule stratégie réaliste me semble consister, pour l'Occident, à opposer un front uni à l'islamisme, tout en laissant celui-ci faire la dure expérience de la réalité dans les pays qui souhaitent le porter au pouvoir: car s'il peut être vaincu, ce ne sera pas par la force des armes ni par celle de la rhétorique, mais seulement par l'usure du temps. Ne nous y trompons pas: cette stratégie sera malaisée à mettre en oeuvre, car elle devra, d'abord, affronter la passion antiaméricaine, antisioniste et tiers-mondiste qui, chez nous, inspire une grande partie de l'opinion actuelle. Autrement dit, cette maladie que Nietzsche, il y a un siècle déjà, baptisait nihilisme - et dans laquelle il percevait, non sans raison, un écho assourdi de l'antisémitisme chrétien. Comme si la vieille Europe, fatiguée d'avoir trop vécu, était désormais proche d'abdiquer les valeurs des lumières sur lesquelles sa propre culture s'était non sans peine édifiée.