Le Christ aux coquelicots

Je n'ai pas souvent lu quelque chose d'aussi beau, d'une telle justesse. Si j'écris les passages qui m'ont plu, j'écris tout le livre. Parler de Dieu avec une telle intensité est du pur génie. Il est difficile d'écrire, de déclarer son amour, son attachement à Dieu. Christian Bobin emploie des images saisissantes, et nous partage sa foi avec autant un vocabulaire d'auteur affirmé qu'une honnêteté d'enfant. En peu de pages, en très peu de mots, il décrit avec finesse, poésie et brio l'oeuvre de Dieu en nous, sa présence et sa proximité. Sans en faire trop, Bobin parvient à illustrer la réalité de la relation intense et personnelle indissociable de la foi que nous pouvons entretenir avec le Créateur de toute chose. Il est aussi question de consolation, de persévérance, de lutte face à ce monde, de l'hypocrisie des religieux, mais aussi de la mort dont Bobin nous donne un regard juste sur ce qu'elle représente et signifie. Il réussit à décorer la mort d'espoir. C'est déroutant de lire quelque chose d'aussi lumineux pour louer d'amour un Dieu si parfait. À cela s'ajoutent de belles lignes, qui complètent encore plus justement le portrait dressé de Dieu, à propos de son statut de juge envers qui Bobin reste docile quant aux réprimandes qu'il peut recevoir en son for intérieur. Là encore, à de nombreuses reprises, les illustrations sont merveilleuses : "Tu es un tigre de douceur". Si dans d'autres ouvrages, il peut y avoir du flou quant à la réelle vision de la foi chrétienne de Bobin, Le Christ aux Coquelicots dissipe la quasi intégralité du brouillard et nous montre combien sa relation avec Dieu est vécue intensément.