Le coeur blanc

Désolé mais j’ai abandonné, c’est rare que cela m’arrive mais là impossible d’aller plus loin. Il ne se passe rien seulement une longue dérive de gens devenus marginaux à force de fumer et de boire. Pas beaucoup d’espoir, je ne pense pas que tous les saisonniers soient dans le même état. Trop de crasse, trop de bière trop de malheur ce n’est pas possible j’arrête. Désolé

« Le cœur blanc » de Catherine Poulain est un livre que j'ai bien aimé (même si c'est un tout petit peu moins que son premier roman « Le grand marin »). Cette histoire se déroule quelque part dans le sud de la France, là où se multiplient les travaux saisonniers : les asperges, les melons, les abricots, les olives, la lavande, le raisin, etc.L'auteure nous fait pénétrer dans ce milieu des saisonniers qui passent de champs en champs au gré des saisons, qui reviennent d'année en année, qui se battent le matin très tôt pour monter dans le camion qui les emmène du centre du village vers les lieux de travail. Et ce travail, il est bien entendu difficile, très éprouvant physiquement et parfois pas seulement, quand les patrons sont sans arrêt sur votre dos à crier pour augmenter les cadences. L'héroïne principale du roman, Rosalinde, est l'une d'entre eux, une des rares femmes dans un milieu très masculin. Il y en a une autre, Mounia, qui vient d'Algérie alors que Rosalinde vient de Hambourg. Après le travail, ou les jours de repos quand il y en a, on se retrouve dans les bars pour boire des bières. Certains se saoulent ou consomment d'autres produits franchement illégaux. La présence d'une femme, Rosalinde, qui tâche de préserver sa liberté malgré les regards, le désir, la fatigue, la chaleur, le soleil. Tout cela finira plus ou moins bien, dans les lueurs de l'incendie, sous les yeux des habitants, passifs voire complices. C'est cette ambiance parfois très pesante, parfois fraternelle ou amicale, qui est très bien restituée par l'auteure. Les descriptions, les dialogues, directs ou indirects, les changements de point de vue, l'histoire racontée à plusieurs voix, le rythme du récit, tantôt lent, tantôt vif, les personnages attachants ou effrayants, tout est maîtrisé et j'ai été embarqué dans cette histoire de la première à la dernière page. Chaudement recommandé !

Mounia et Rosalinde destins croisés dans la vallée de l'Aygues en Provence travailleuses saisonnières perdues au milieu d'hommes avinés junkies et dangereux pour la plupart à l'exception du jeune Abdelman. Des descriptions humaines et naturalistes à foison un style tranchant et précis nous emmènent dans la fournaise de l'été de la quête d'identité de ces deux héroïnes confrontées à la violence des hommes. Implacable.