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Résumé
L'«illettrisme» fait désormais partie des grands problèmes sociaux publiquement reconnus en France, considéré comme une priorité nationale par les plus hautes instances de l'État. Depuis l'invention du néologisme, à la fin des années 1970, on a assisté à la fantastique «promotion» de ce problème. Mais entre la réalité des inégalités d'accès à l'écrit, qu'il ne s'agit pas de nier, et les discours qui sont censés en parler, le rapport n'a rien d'évident. C'est ce qu'entend démontrer Bernard Lahire, en analysant les grandes phases de la construction publique du problème, mais aussi et surtout, la rhétorique des discours sur l'illettrisme. S'appuyant sur un corpus très étendu, il retrace l'histoire de l'«invention» collective de l'illettrisme, cette extraordinaire machinerie qui a créé, par la magie d'un intense travail symbolique, un «problème social». Pour Bernard Lahire, la sociologie historique de l'«illettrisme» est un moyen de prendre distance par rapport aux présupposés et aux pièges des discours ordinaires. Son travail est une manière d'interroger toute une période de notre histoire politico-idéologique, et notamment le «tournant culturel», pris en France à partir des années 1960. Il permet ainsi de saisir le poids et la nature des représentations de l'écrit dans notre pays, ainsi que des processus de stigmatisation qu'induit la valorisation sociale de la culture lettrée. «En reconstituant minutieusement le processus qui a conduit à faire de l'illettrisme un concept à succès, Bernard Lahire effectue un travail de "déconstruction" qui ne vise pas à minimiser l'échec scolaire, mais s'oppose à sa transformation insidieuse en une sorte de trait individuel d'essence maladive.» Le Monde de d'éducation