La part des choses

Premier roman en solitaire de Benoîte. Déjà ici sa plume est acérée, poignante et vous retourne l’esprit( je ne compte plus les citations recopiées dans mes carnets). Cependant ce n’est pas son meilleur roman, ensorcelée par les 150 premières pages J’ai finalement eu du mal à finir l’ouvrage qui a force de décrypter les sentiments et les pensées les plus intimes de différents protagonistes devient déprimant. Les réflexions éclairées sur l’évolution du sentiment amoureux avec l’âge, et du rapport routinier à l’être aimé laisse place aux descriptions de tromperies de ces messieurs et au malheur des femmes qui subissent sans rien dire. J’ai fini cette lecture exsangue et dénuée d’espoir...

Quelle beauté que ce livre ! Pas de suspens, pas de grands sentiments, non, juste l'histoire d'un couple, de couples, normaux, approchant la cinquantaine, qui jettent un regard en arrière, sur une vie normale avec ses hauts et ses bas, mais surtout ses heures, ses jours, ses années de normalité du quotidien familial, qui font ou défont un couple, une famille. Mais ce qui est le plus beau dans ce roman, c'est l'écriture tellement belle, délicate, sincère et limpide de Benoîte Groult. Ecrit-on encore ainsi de nos jours ? Et petite cerise sur le gâteau, la trame de fond est un voyage autour du monde jusqu'à Tahiti en passant par la Nouvelle Calédonie. La vision de la narratrice, petite-bourgeoise des années 60 sur ces peuples colonisés et ce que la France leur a "apporté" peut aider à comprendre ce qui se passe aujourd'hui en NC et peut-être un jour en Polynésie...