Les fous de Bassan

Le roman d’Anne Hébert m’a laissé le souffle court. Un départ un peu lent à mon avis, mais une lenteur dont on peut se délecter et qui nous dévoile lentement les grandes lignes d’une histoire qu’on ne comprend pas tout à fait. L’histoire est racontée par plusieurs voix contradictoires qui mêlent et démêlent les événements à tour de rôle jusqu’à ce que la véritable tragédie soit révélée. La plume de l’auteur, mais aussi les liens entre les différentes histoires, puis finalement les paysages sont tous à coupés le souffle.

Une histoire qui pourrait prendre la forme d'un polar mais qui s'en éloigne et opte pour une narration originale dans une langue singulière et poétique. Dans un lieu isolé et sauvage, battu par les vents et la mer, deux jeunes filles disparaissent. Le récit nous livre les voix des différents personnages entourant cette disparition : témoins? complices ? coupables? Mais bien plus qu'un crime à résoudre, ce livre aborde la question du désir chez l'homme et la femme, du regard de l'un pour l'autre, de la mort. Intrigant, sombre et prenant. Les premières pages déstabilisent pour finalement un grand plaisir de lecture.

Un roman déniché dans la bibliothèque d'un hôtel. Une ambiance et une écriture particulières dans le nord du Québec avec le point de vue de divers personnages pour expliquer la disparition de 2 jeunes filles dans leur petite communauté de bord de mer, survolée par des fous de bassan. A découvrir!

Un huis clos, à Griffin Creek. Un huis clos tout de suite, pour chaque personnage, des la naissance. Ils sont tous frères, tantes, cousins, le sang les lie. Un huis clos, sauf pour Stevens. Qui a quitté Griffin Creek. Qui a le malheur d'y revenir malgré tout. Presque malgré lui. 31 août 1936. Fin de l'été. Un soir, deux cousines disparaissent. Olivia et Nora. Elles ont 15 et 17 ans. Font tourner la tête à beaucoup d'hommes. Personne ne sait, personne ne les a vues après 19h30. Très vite, on comprend ce qui s'est passé. Qui, comment. Le pourquoi aussi au fond. La violence est latente dans cet endroit coupé du monde. On sait très vite, n'empêche on tourne les pages avec l'envie de lire, encore et encore, sous la plume de l'un ou l'autre des habitants. Une très belle écriture, un rythme à la mesure de ce qui est raconté. On retient son souffle jusqu'à la dernière minute, je crois qu'elle est là, la force de ce roman, dans cette écriture sur le fil du rasoir.