La salle de bal

Tout commence en 1911 dans une filature anglaise, Ella, alors esclave dans cette usine depuis l'âge de 8 ans, brise une vitre de la filature. Un tel acte insensé l'envoie tout droit à l'asile. Le roman nous dépeint le quotidien terrifiant de ces femmes entassées, enfermées. Dans un autre bâtiment de l'établissement John est enfermé pour cause de mélancolie suite à la mort de sa fille et au départ de sa femme. Les deux protagonistes vont faire connaissance dans la salle de bal de l'asile, lieu où une fois par semaine, se rencontrent hommes et femmes méritants. Dans son livre, Anne Hope nous dévoile une réalité historique méconnue de l'histoire anglaise, celle de la stérilisation des personnes faibles d'esprit. C'est une des idées fortes de Winston Churchill, alors ministre de l'intérieur : stériliser un grand nombre de britanniques pour l'amélioration de la race anglaise.

Merveilleux bouquin avec un final mélancolique qui m'a beaucoup touché

Lorsqu'on referme La salle de bal, le souffle court, la tête nous tourne à force de voir danser et s'enchaîner tous ces sujets si lointains et pourtant si actuels. Il y a la question de la maladie mentale et de ses traitements au début du XXème siècle, celle de l'eugénisme et de l'intégrisme, des identités refoulées, de la condition de la femme et des faibles niveaux socio-culturels. Les sujets s'entrecroisent, l'histoire se déroule, portée par la vision de trois personnages, certains attachants, d'autres méprisables. On passe par toutes les émotions, de l'espoir à la colère et cette force qui en émane, ce besoin inexorable de liberté qui nous tient en apnée jusqu'à la fin.

Un très joli roman sur un sujet très dur, à mi chemin entre réalité et fiction. L'originalité de l'œuvre repose sur le point de vue tour à tour exposé des trois protagonistes principaux de cette histoire âpre et romantique à la fois, le tout par un narrateur observateur. Une très belle réflexion sur les méthodes employées par les hôpitaux psychiatriques de l'époque, et les idées parfois effrayantes qui pouvaient germer dans la tête de certains praticiens, à thème d'eugénisme notamment. S'y mêle une histoire d'amour assez "classique" et finalement secondaire pour moi. Mention spéciale pour le personnage si trouble du Dr Charles Fuller... À découvrir !

Un roman magnifique qui m'a profondément émue par son histoire, ses personnages et son écriture.