Le premier siècle après Béatrice

Un grand malaise m’etreint en refermant cet ouvrage qui traite de l’intemporelle thématique de la science sans conscience. Nos avancées technologiques devancent très largement nos avancées en termes d’humanité et de sagesse : c’est un fait qu’Amin Maalouf restitue parfaitement, ainsi que les mécanismes de l’humanité pour fermer les yeux quand le « progrès » tourne mal. La disparition de la gente féminine « parce que la science le permet » est tellement plausible que ça en est effrayant.

Ce livre est le premier que j'ai lu de cet auteur et j'enchaîne depuis ses romans. Il est certes court mais renferme un contenu incroyablement riche, passant d'une situation mondiale avec tout les problèmes politiques et sociaux qui en découlent, aux points de vues très intimes des personnages. Et c'est d'ailleurs ces personnages qui rendent le récit aussi beau puisqu'ils nous permettent de porter un regard sur les attentes et les espoirs de chacun. Et si ces attentes peuvent paraître violentes (notamment l'envie d'avoir un garçon ou une fille) ça n'est pas forcément un refus de son enfant (sauf cas de rejet culturel évidemment) mais surtout une envie intime qui n'empêche en rien l'amour parental.

Ce livre est à la fois magnifique et horrible. Magnifique dans son écriture, sa poésie et son analyse plus que véridique de l’Homme. Horrible parce que si une telle chose était possible dans notre monde, si on pouvait choisir le sexe de nos enfants, le monde connaîtrait probablement le même destin que celui dépeint dans ce livre. “Un inventeur doit supposer l’humanité adulte ; sinon bien des choses devraient être desinventées”

Je reconnais une belle écriture mais je n’ai pas accroché avec l’histoire. Je m’attendais à autre chose. Première fois que je lisais cet auteur. Je compte quand même continuer à faire connaissance avec Amin Maalouf