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Résumé
« Je me souviens de la maison d'Alphonse rue Châtelaine dans la ville haute de Laon. À l'etage, une pièce reculée, dans laquelle il était défendu de pénétrer. Il se disait que c'était la pièce de Marguerite, cette grand-mère inconnue, ravie trop tôt à l'amour des siens. Il se disait également qu'Alphonse venait s'y recueillir et qu'il y entretenait le souvenir de sa Guite tant aimée. Rarement, j'en ouvrais la porte et restais sur le seuil. Rien n'avait été touché depuis le 25 octobre 1929. Mon intrusion s'arrêtait là, impressionné que j'étais par l'atmosphère de secret. Quand Alphonse s'est éteint en 1980, ses enfants trouvèrent dans cette pièce deux grands cartons renfermant les presque huit cents lettres échangées entre 1914 et 1919 par ceux qui allaient devenir mes grands-parents. Elles ont traversé le siècle, les guerres, les déménagements, les avatars de la vie. En les lisant, je savoure la richesse de leurs styles respectifs, je me trouve plongé dans la guerre, je partage les émotions des deux épistoliers. Que privilégier ? La naissance et l'évolution de leur relation, certes, mais que retenir de la guerre en toile de fond, de leurs projets, des joies et des peines qu'ils se racontent, de leurs frustrations, de leurs rêves brisés, des inquiétudes quant à leur santé, des anecdotes de la vie quotidienne, du souvenir des disparus, de la morale et de l'esprit religieux, des considérations sur la société, les moeurs, la politique... J'ai essayé de maintenir vivant le dialogue qui, d'une lettre à l'autre, anime leur échange. J'ai été ému par l'histoire d'Alphonse et Marguerite, j'ai compati à leurs douleurs et à leurs frustrations, et même si j'en connaissais la fin, j'ai été habité par l'espoir que la guerre cesse enfin pour voir s'accomplir leur destin commun. » Frédéric Chémery