Come prima

Retrouvailles. Ca veut dire qu'on s'est quitté. Qu'ils soient éphémères ou pérennes, en étant faché ou totalement déchiré, conscient ou pas, heureux ou triste. C'est forcément une partie de nous que l'on laisse a cet instant. On se dit alors qu'il faut que l'on fasse ce que l'on doit, assumer ce qui nous contraint ou respecter ce qui nous y oblige. Mais même dans les pires situations on à toujours au fond une petite idée du possible. Même onirique. Dans "Come Prima" les retrouvailles sont faussées. Elles ne devaient jamais avoir lieu. Secrètement espérées par ses protagonistes, elles étaient remises à plus tard, a jamais. Et puis la vie a eu raison. Le moins con a parlé. S'est bougé. A cherché. Convaincu partiellement, sans tout dire. Mis en place le stratagème qui change tout. Qui permet tout. On suit alors Fabio et Giovanni, deux frères éloignés, dans leurs amertumes, qui entreprennent l'odyssée pour se recueillir après la mort de leur père. S'en suit une virée vers l'Italie natale. Entre coup de sang et coup du sort, entre cris et rires, entre pardon et ressentiments. Ici ce n'est pas qu'une retrouvaille, mais un enchainement de renaissances. Fraternelles, amoureuses, géographiques et culturelles. Alfred alterne les planches vide de mots et celles riches de paroles. Comme ces moments où le silence qui précèdent les effusions est trop dense pour émettre un son. C'est magnifique. De mouvements, de gueules, de caractères emprunts des coups de la vie. Si rien n'est vraiment imprévisible, on se contente très largement de la tendresse qui en ressort. Parfois les retrouvailles sont presques quotidiennes, lorsqu'on se lève, qu'on découvre l'autre a coté ou qu'on court la rejoindre. Parfois elles sont lointaines lorsqu'il a fallu patienter et faire preuve de résilience. Dans tous les cas elles marquent nos histoires, rendent possible l'avenir et revèlent en nous le plus important : ne pas passer à coté tant qu'il est temps.

Une bd de frangins, de vie, un road trip, direction l'Italie...on est après guerre, des chemins, des êtres et des odeurs. C'est un beau moment