Un hiver à Wuhan : récit

Alexandre, l’auteur, a été nommé en octobre 2019 à Wuhan. Attaché culturel. La Chine, il connaît déjà. Après des études de chinois il y a effectué un long stage en 1996 comme « contrôleur qualité » dans les usines chinoises qui fabriquent à tour de bras entre autres pour nous, français. Contrôleur qualité, sur le papier, hein, parce que dans la réalité on ne contrôle rien en Chine... Il raconte ses impressions du moment et celles de 96. La paranoïa (souvent justifiée) qui s’empare de lui en vivant là bas : un tableau qui change dans sa chambre d’hôtel, un portable qui chauffe étonnamment, des fichiers informatiques dont la date est modifiée sans qu’il les touche, des caméras dans le building d’en face pointées sur son bureau, les belles jeunes femmes qui tombent à pic dans les moments sensibles,... Il raconte aussi l’industrialisation à outrance, l’inimaginable pollution (dix fois plus qu’à Paris...). « Dans ma bouche, j’ai un arrière goût. C’est le goût étrange de l’air. Quoi exactement ? Du métal ? De l’acier ? De l’aluminium ? (...) Non. Cet air a un arrière-goût d’éther. ». La vie à Wuhan est ponctuée par les alertes sanitaires : alerte à la pollution de l’eau, à l’apparition d’un nouveau virus... Là en cet hiver 2019, il découvre par hasard, lors d’un passage aux urgences, la covid qui commence à s’installer... Et puis s’ensuivent les rues mystérieusement aspergées, des hommes couverts de la tête aux pieds déboulant dans les bureaux, les bruits qui courent de la survenue d’un nouveau virus. Et enfin le 6 janvier 2020, l’officialisation. Invité au Havre pour un salon littéraire, il revient opportunément en France juste avant le très surveillé confinement à Wuhan. Beaucoup de plaisir à lire ce récit où l’humour et la dérision ne manquent pas malgré l’effarement, le malaise évident ressenti. En lisant, j’ai repensé à ce podcast du Muséum d’Histoire Naturelle, écouté au printemps dernier, qui relate magnifiquement le lien ténu entre l’homme, l’animal et l’environnement et explique le concept de One Health. Je vous pose le lien là : https://www.mnhn.fr/fr/explorez/podcasts/que-nature-vive/planete-sante Et puis je me suis dit que je vais inlassablement continuer mes petits gestes quotidiens pour l’environnement, même s’ils ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan...