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Résumé
L'âge classique représente un moment décisif dans l'histoire de l'institution de la littérature en valeur sociale. C'est alors que l'univers littéraire s'est constitué en champ social relativement autonome. C'est alors qu'a pris forme le réseau de ses instances spécifiques : académies, mécénat d'Etat, droits des auteurs et censure, mais aussi salons littéraires, presse... C'est alors qu'au sein d'un public plus nombreux et divers, la littérature est devenue objet d'échanges multipliés, tant dans l'ordre marchand que dans l'ordre symbolique. Et, avec une rapidité étonnante, l'Ecole et les palmarès culturels ont consacré les novateurs de l'époque, en ont fait des «classiques» au sens strict du terme. L'art d'écrire est ainsi devenu une fonction sociale reconnue. Statut ambigu cependant, générateur de tensions et de conflits entre les écrivains et les pouvoirs : les oeuvres illustres, comme les tragédies de Corneille ou les pamphlets de Pascal, mais aussi des ouvrages moins connus, comme les essais critiques de Guéret ou les mazarinades de Dubosc-Montandré, laissent voir dans leurs formes la marque de ces tensions. La sociologie de la littérature classique introduit ainsi à une pragmatique des textes affranchie des mythes du «Grand Siècle». Car l'imaginaire d'un écrivain c'est, aussi, l'image qu'il construit de lui-même au sein du champ littéraire, et son esthétique, la forme qu'il lui donne.