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Résumé
Brusquement, en moins de dix ans, entre 1290 et 1300, la dévotion à la Vierge Marie a pris un tour nouveau en Occident. On connaît le rôle de Duns Scot dans la formulation d'un dogme nouveau, celui de l'Immaculée Conception de Marie, vers 1298, préparée, selon l'auteur, dès 1292, chez Henri de Gand. Le présent livre insère entre ces deux moments celui d'une évocation du miracle de Notre-Dame de Lorette, du transport surnaturel de la maison de la Vierge de Palestine en Occident, que l'on trouverait dans les Quodlibeta du franciscain Richard de Mediavilla. Ce dernier aurait raisonné sur ce miracle marial, daté des années 1290 par les premiers récits de la fin du XVe siècle. Cette allusion impliquait de rajeunir de dix ans le recueil quodlibétique qui évoquait indirectement le miracle. L'enquête qui aboutit à ce résultat saisit du même coup les positions originales de Mediavilla en matière de fiscalité, de physique, d'anthropologie, de liturgie et d'éducation princière dans un grand débat franciscain. La rectification des dates d'activité de Mediavilla modifie la portée de son oeuvre : il devient l'un des pionniers du grand tournant de la pensée qui apparaît chez Duns Scot et chez Ockham. Cette rectification correspond de près à un contenu nouveau. Bien des concepts de Duns Scot s'éclairent par la lecture des tentatives tâtonnantes de Richard. À côté d'un aspect pré-scotiste, le texte offre des jalons originaux en direction du nominalisme et d'un certain matérialisme. Un des bénéfices d'une meilleure connaissance des textes de Mediavilla serait de combler un vide de l'histoire de la pensée et de rompre avec l'image intimidante de certains penseurs, isolés dans leur découverte soudaine.