La nuit de David

La nuit de David manque de lumière, mais si une étincelle éclaire le chemin, rien qu'un instant, la nuit de David est douce. J'ai lu sa nuit avec un mal de ventre insistant, parce que j'étais furieux qu'on ne veuille pas comprendre cet enfant. Et j'ai eu peur pour David, tout au long de sa nuit. Je pense sincèrement que la lecture de ce livre laisse des effets indéchiffrables. J'en tremble encore de cette nuit si brute. David est un enfant extraordinaire, mais une part de lui se révèle être terrifiante ; mais pas une seule seconde je l'ai détesté. On ne peut pas le détester, ce n'est pas faisable. Ce ne serait pas naturel. Je suis sincèrement touchée de cette lecture.

Ce récit m'a éblouie. Parfois trop. J'ai suffoqué, beaucoup, dans la tempête et la poussière que David remue. Un enfant peut-il être fautif ? Peut-il être exclu de la vie de cette manière ? J'ai voulu, aussi, que ça s'arrête. Si l'on regarde bien, Olive (la jumelle) nous donne à voir un bien plus grand tableau dysfonctionnel de ce qui se joue dans leur famille. J'ai été éblouie. Par un amour lumineux entre deux jumeaux capable de percer les ténèbres qui envahissent le corps et l'esprit d'un petit enfant de dix ans. Cette innocence (qui disparaît à certains moments, avoue timidement la narratrice), ce lien unique et inconditionnel... L'autrice le manifeste magnifiquement à travers une prose douce et poétique qui se tient vent debout face à la dureté d'une mère maltraitante.

Pour avoir rencontré l'autrice je peux dire que ce livre est encore pire après la rencontre. Les mots préférés de l'"autrice" : "mais tout est relatif", "qu'est ce que le rationnel finalement" J'ai envie de gerber une ado de 14 ans peut comprendre qu'il faut dépasser le piège relativiste. Assez bien écrit, pas marquant.

Poétique

Un conte clair-obscur à hauteur d'enfant. La langue est sensible et délicate, restituant avec une parfaite justesse le monde de l'enfance et les relations fraternelles, dans toute leur complexité. L'histoire est traversée d'une grande poésie et d'une puissance symbolique, tout en restant très ancrée dans le réel, avec un fourmillements de détails concrets et sensuels qui donnent du corps aux personnages et à leur vie. David est très touchant et intrinsèquement poétique ; à travers lui, la question de la folie est abordée avec beaucoup de finesse et de délicatesse. Les personnages des parents m'ont en revanche semblé moins approfondis (la mère m'a parue trop caricaturale, et le père inexistant), et j'ai un peu regretté la fin, trop rapide à mon goût. Dans l'ensemble, je n'ai donc pas autant aimé que son 1er roman, Aussi riche que le roi, mais La nuit de David reste une très belle histoire, une tragédie poétique délicatement puissante, et empreinte de tendresse.