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Résumé
Disons que le cas de Robert Van Gulik correspond pour moi à un certain idéal. Il avait accompli d'impeccables travaux de sinologie et il a fait progresser cette science. Mais, et c'est cela qui me le rend si proche, son objet profond n'était pas la sinologie. A partir de la Chine comme mère nourricière, il était capable d'écrire aussi bien des romans policiers qu'une étude magistrale sur la peinture, un essai sur la vie sexuelle ou des traités sur la musique sans oublier une analyse sur le cri des gibbons. Tout cela correspondait à une authentique pratique de vie : si Van Gulik composait des textes en chinois classique, ce qui est unique chez les sinologues, s'il était bon calligraphe, s'il gravait des sceaux, s'il jouait très bien de la cithare, ce n'était pas par snobisme, mais pour se cultiver. Et sa science allait de pair, comme on le voit dans ses écrits, avec le plaisir. Simon Leys, Lire, 1983