Bénie soit Sixtine

Quel formidable roman ! Un excellent « page turner » en deux temps : une première partie relate l’amère découverte par Sixtine de la vie d’une jeune mariée au sein d’une famille catholique intégriste. L’arrivée de son petit garçon, Adam, va transformer Sixtine, elle s’affranchira progressivement de l’emprise, des préjugés, des interdits, pour vivre, enfin ! Une pépite !

Sixtine Duchamp est issue d’une famille dans laquelle on ne badine pas avec la religion. Il faut prier, il faut se repentir, il faut se confesser… Dieu est grand. Dieu n’est qu’amour, Il répondra à toutes tes questions. Il saura te guider au travers de tes tourments, ma fille. Alors, quand Pierre Louis Sue de la Garde la demande en mariage … C’est la consécration. Leur nuit de noce laisse un goût amer à Sixtine, elle qui l’avait tant imaginée, cette petite mort. Avec son mari, Sixtine évolue dans un environnement catholique sectaire. Les Sue de la Garde sont encore plus extrémistes que ses parents à elle. On se bat au nom de Dieu, chez les Sue de la Garde. On prie, avec abnégation, avec dévotion. On ne parle que de ça, de toutes façons. Puis, un jour, alors que Sixtine est sur le point d’accoucher, une tragédie frappe de plein fouet la famille Sue de la Garde. Petit à petit, les convictions de Sixtine s’effilochent, mais c’est la naissance de son fils qui sera le véritable déclencheur : Sixtine veut l’aimer, cet enfant. Elle veut le consoler lorsqu’il pleure, lui donner le biberon, le cajoler et l’aimer. Alors, Sixtine fuit. Elle fuit cet extrémisme religieux, elle fuit les prières à même le sol qui rendent les genoux calleux. Elle fuit pour être libre. L’histoire de ce roman, c’est l’histoire de l’émancipation de Sixtine. Mais lorsque l’on a été conditionné comme elle l’a été, il faut tout réapprendre. Et lorsque l’on évolue dans des milieux aussi sectaires, il y a aussi tout à découvrir. Véritable plongée au cœur de l’extrémisme catholique, ce roman fait froid dans le dos. Nul doute que l’auteure connaît très, très bien son sujet… et la façon qu’elle a de l’aborder ne peut vous laisser indifférent. C’est un roman d’apprentissage que nous livre ici Maylis Adhémar. L’apprentissage de la vie, la vraie. Avec les doutes, les embuches et les déceptions mais aussi toutes les jouissances qui rendent notre quotidien délicieux. Ce roman est une véritable déflagration. Un coup de cœur immense. L’une de mes meilleures lectures de 2020 !

Une réussite ! Maylis Adhémar brosse le portrait d’une jeune femme victime du patriarcat et de l’extrémisme d’une certaine forme du catholicisme. Certaines scènes, troublantes de réalisme, font froid dans le dos. Sixtine se sauvera elle-même : s’éloigner pour se libérer et laisser sa foi, doucement, se métamorphoser.

Ça faisait un moment que je n'avais pas lu un livre qui m'a autant intéressée. A découvrir absolument.

Le meilleur bouquin de la rentrée littéraire 2020 !