Sambre : radioscopie d'un fait divers

Par où commencer? Peut-être par féliciter l’autrice pour son travail d’investigation minutieux. À la fin du livre, elle remercie les femmes et les hommes qui ont su faire la différence dans cette affaire. Je pense qu’elle s’est oubliée et qu’il y aura un avant et un après « Sambre » comme il y a eu un avant et après MeToo. Et puis, son dernier chapitre m’a tellement touchée. C’est vrai quoi, elles sont combien les femmes à pouvoir dire qu’elles n’ont été en butte à aucune forme de violence s3xuelle? En tout cas, mes copines et moi, on peut vous en raconter: des profs libidineux, des copains trop entreprenants, des soirées où on se dit que c’est notre faute parce qu’on avait trop bu, des mecs qui se sont touchés ou nous ont touchées dans les transports, des animateurs scouts qui venaient la nuit dans nos tentes… Alors, oui, des livres comme Sambre, il en faudrait des pelletées. Pour que l’importance accordée à la parole des victimes continue à progresser! Surtout que c’est ce que l’autrice a mis en lumière, la parole des victimes. De Dino Scala, le « vi0leur de la Sambre », on n’apprendra pas grand chose ou presque. Même dans les derniers chapitres, lors du procès, l’accent est mis sur celles qui accusent et pas sur celui qui se défend. Une vrai claque pour terminer 2023 donc. A lire et à faire lire absolument! La version audio est incroyable, totalement immersive tout en étant pas intrusive. Christel Wallois a su trouver le ton idéal et son interprétation est un sans faute.

"Comment cet homme a pu continuer sans que personne ne le soupçonne, sans que la police ne le trouve" C'est le constat que l'on fait, à la lecture de ce récit qui raconte l'incroyable fait divers du plus grand sérial violeur français qui durant 30 ans a sévi dans le nord de la France et en Belgique détruisant la vie de plus de 56 victimes. Après l'excellente série Sambre de France 2, l'autrice nous livre une enquête très précise sur les faits en donnant priorité aux victimes. C'est une succession d'agressions sans nom sur des femmes, des jeunes filles dans un même périmètre, un même mode opératoire aux mêmes horaires.  On passe par beaucoup de sentiments à la lecture de ce récit, le dégoût, l'incompréhension, l'empathie pour les victimes que l'on interroge, que l'on met en doute et que l'on arrive à accuser parfois aussi. Mais c'est aussi une vision sans concession sur l'incompétence des services de police de l'époque, c'est absolument effarant, des dépôts de plaintes sur une main courante pour aller plus vite, des plaintes enregistrées en attentat à la pudeur ..., des dossiers qui ne parviennent pas au juge voir perdus ou effacés. Il en est  de même pour les prélèvements gynécologues qui se révèlent souvent inutiles car mal faits, voire perdus! Il faut remettre les choses dans le contexte de l'époque, les personnels qu'ils soient de la police ou des hôpitaux n'étaient absolument pas formés à accueillir ces femmes qui avaient subi ce genre d'agression. On les  interrogeait durant des heures sur ce qu'elles avaient vécues  ce qui aboutirait à augmenter leur désarroi et le traumatisme qui détruirait à jamais leur vie. Les fichiers ADN n'existaient pas encore et les différents services d'enquêtes ne communiquaient pas. On ressort de cette lecture, effaré, écoeuré par ce système et avec un immense respect pour Alice Géraud qui a su être à  l'écoute de toutes ses femmes et  mettre des mots sur leurs immenses douleurs Avez-vous lu ce récit ? Avez-vous vu la série ?

Dans ce récit d'une précision et rigueur documentaire, la journaliste Alice Géraud s'attache non pas à la vie de Dino Scala alias "le violeur de la Sambre", mais aux témoignages et aux vies des femmes qui ont eu le malheur de croiser sa route. Que leur est-il arrivé en ce jour fatidique ? Comment ont-elles été reçues par la police ? Et comment leur violeur a-t-il pu agir si longtemps sans être interpellé ? "Sambre, Radioscopie d'un fait divers" est un livre glaçant, bouleversant, qui témoigne du peu de cas fait aux victimes de viol, de ce qu'il faut traverser pour oser parler, de la résilience et de la force de ces femmes survivantes. Mais aussi des rouages policiers et judiciaires, de la traque d'un "Monsieur Moyen" qui a duré plus de vingt ans, de la justice et de ses failles. C'est dur, terrifiant mais important et féministe aussi. Je suis contente d'avoir pu découvrir en détail cette terrible histoire vraie et notamment en livre audio, ce qui a facilité ma lecture en lui donnant un côté plus "feuilleton de true crime". L'entretien avec Alice Géraud proposé à la fin du livre audio permet de comprendre et compléter son travail, passionnant.

J'ai lu ce livre avec la rage au ventre. En effet, j'ai été choqué de voir comment les victimes étaient traitées par la police et la gendarmerie. C'est une humiliation, une parole mise en doute.... Les victimes devaient se soumettre a une expertise après leurs dépôts de plainte, quand celui-ci était prise, pour voir si elle n'était pas mythomane et voir si leurs témoignages était crédible. Comment peut-on infliger cela a des victimes. L'autrice a pris le parti de relater cette affaire mais du côté des victimes, ce qui est très intéressant pour voir comment les enquêtes ont été menées, comment elles ont été traitées et ce jusqu'au procès. A la lecture de ce livre, j'ai été en colère, révolté, j'ai eu des nausées, mal au ventre. Comment un homme a-t-il pu semer le chaos pendant trois décennies sans être inquiété ? Dans ce livre, on sent toutes les recherches et les entretiens que l'autrice a menés. La plume de l'autrice est fluide, précise, sans détour. Les chapitres sont très courts mais j'ai été obligé de faire des pauses entre deux tellement c'était dur a lire a certain moment. Avez-vous découvert cette affaire sordide ?

Ce livre reprend chronologiquement l’affaire du « violeur de la Sambre » du point de vue des victimes, qui dans cette affaire le sont doublement. Victime d’un agresseur mais également victime d’un système : devoir prouver que l’on est une victime, devoir justifier que l’on ne méritait pas d’être violée en raison de la manière dont on est habillée, devoir affirmer que Dino Scala est bien l’agresseur, devoir se justifier lorsque l’on ne « réagit pas comme une victime »… Ce livre fait mal. Ce livre met mal à l’aise. Mais ce livre est nécessaire pour envisager un changement.