Les oiseaux : et autres nouvelles

Cette nouvelle est de loin la plus forte et la plus angoissante de ce recueil que publia en 1952 Daphné du Maurier. Il émerge de ce récit une force narratrice impressionante et lapidaire. En quelques pages, digne des plus grands, grâce à une rare et vertueuse économie de moyens, elle évoque la redoutable puissance de la nature, celle qui peut se mettre en branle quand l'homme se prend pour un démiurge. Abolissant les fioritures, trop souvent ornementales, l'écrivaine épure pour en conserver la structure mère, laissant notre fertile imagination combler les vides. Des vides effroyables, qui sous la plume de Daphné du Maurier, deviennent apocalyptiques. C'est simple, par sa noirceur et son style, cette nouvelle est un vrai chef-d'œuvre ! Lire la suite sur mon blog : Vistemboirs d'un autodidacte.

Ce volume est en fait un recueil de nouvelles, dont la première donne son nom. Cette nouvelle est celle qui a inspiré le film d'Alfred Hitchcock de 1963. Inspiré pour le début en tout cas car la nouvelle est très courte (une cinquantaine de pages) et ne partage que peu d actions avec le film. Elle se centre uniquement autour d'une famille vivant sur la côte des Cornouailles. Le père, employé dans une ferme, observe un jour que les oiseaux adoptent un comportement étrange pour la saison, se regroupant en très grand nombre. Il ne s'agit pas tant des fameux corbeaux du film, mais des oiseaux de mer (mouettes et goélands) et des petits passereaux de terre (moineaux, mésanges etc...). Il semble être le seul à s en inquiéter. Malheureusement, une première attaque de nuit de sa maison et de sa famille lui donnera raison.... L'ambiance est beaucoup plusboppressante que celle du film, je trouve, avec une montée progressive de l'angoisse. La fin est aussi beaucoup plus sombre...

Daphné du Maurier est une conteuse hors pair. Si vous n’avez jamais lu le célébrissime Rebecca ou encore l’Auberge de la Jamaïque, n’hésitez pas à ouvrir ce recueil de nouvelles qui vous donnera un très bon aperçu de l’univers de l’auteure. Il y a sept nouvelles dans l’édition que je possède (pour la petite histoire, c’est un livre édité par Le Livre de Poche en 1964 que j’avais chipé à l’une de mes tantes lorsque j’étais adolescente) et toutes sont d’un niveau d’inventivité assez exceptionnel. Le recueil s’ouvre sur la nouvelle Les Oiseaux, la plus célèbre car Alfred Hitchcock s’en est inspiré pour réaliser le film que l’on connaît. En fait, la nouvelle n’a pas grand-chose à voir avec le film : le décor est différent, l'espace-temps également. Toutefois, les deux se rejoignent parfaitement sur l’angoisse distillée. La deuxième Le Pommier est –selon mon ressenti- la meilleure des sept : empreinte de fantastique, elle pourrait avoir été écrite par Stephen King, tout comme la quatrième Le Vieux qui laisse le lecteur à la frontière du rêve et de la réalité. Encore un baiser, Mobile inconnu et le Petit Photographe sont des nouvelles plus classiques, touchant au thriller, très noires. Enfin, Une seconde d’éternité qui clôt ce volume en apothéose est surprenante et bouleversante. Toutes ont en commun la mort et cette certaine idée de la folie selon Daphné du Maurier. Une relecture passionnante.