Propre

C’est un roman haletant dont on enchaîne les pages pour découvrir le dénouement. Évoquant les inégalités sociales, le pouvoir de l’argent, l’image du parent a traversé l’enfant, et autre, ce livre donne matière à réflexion, au delà de l’histoire qui nous tient en haleine. J’ai adoré cette lecture. La narratrice interpelle le lecteur à plusieurs reprises, ça donne de la force au récit je trouve. C’est une histoire dont on sent la tension permanente, l’atmosphère tendue. C’est clairement un livre qui mérite d’être lu.

Parmi les sorties littéraires de la rentrée, ce roman pour lequel j’ai eu un coup de cœur. Un roman atypique qui m’a happée. Ddès la première page, nous voici interpellés par le personnage principal : "" Je m`appelle Estela, vous m`entendez ? Es-te-la Gar-cí-a. ". Voici que commence une conversation unilatérale avec Estela, où nous lecteurs, écoutons cette femme raconter son histoire, sa vie de domestique, telle une confession qui coule de sa bouche sans que l’on puisse l’arrêter. Quand commence le roman, la petite fille de la maison, Julia, 7 ans, est morte. Que s'est-il passé ? Ce roman nous entraîne de la première à la dernière page, en nous donnant le rôle de spectateur, de témoin d’un drame psychologique dont on ne peut se détourner sans en connaître le dénouement. Un roman original, fort, puissant même, par le style d’écriture propre à Alia Trabucco Zeran. Un roman qui ne laisse pas indifférent.

Ce roman est une expérience littéraire à lui seul. Le style de narration est relativement particulier et vous accroche tout de suite. On ne lâche pas ce bouquin une fois qu'on l'a commencé ! L'histoire d'Estela n'a ni début ni fin mais elle reste tragique et sidérante. J'ai longtemps cru apprécier mon immersion auprès d'elle mais, parce qu'il y a un mais, la fin a trop tardé. Me laissant pantelante certes, et quelque peu déçue...

Dès le départ, le drame est annoncé : une enfant de sept ans est morte. La bonne de la famille est soupçonnée et interrogée. Tout le roman, nous l’écoutons dérouler son quotidien dans cette famille bourgeoise de Santiago. Comment, par ses soins, tout doit être propre dans cette grande et belle maison. Comment Monsieur et Madame doivent être propres grâce à elle. Comment elle doit rester discrète, calme, agréable et efficace en toutes circonstances. Derrière toutes ces couches de propreté, la petite fille est malheureuse. Monsieur et Madame ne semblent pas beaucoup plus heureux. Mais les apparences, c’est important. Primordial, même. A l’image de l’uniforme de la bonne, impeccable et identique pour chaque jour de la semaine. Dans cette narration à la première personne, on sent toute la rancœur qui macère. Les injustices se dévoilent entre les lignes : les castes sociales, les inégalités de revenu, et le mépris qui les accompagne. Le statut de subordination détériore les relations, agit sur l’état d’esprit et l’estime de soi. Sept années durant, la bonne supporte en silence de laver la merde de ses patrons, de récurer leurs sols, de changer les draps dans lesquels ils ont dormi et fait l’amour (s’ils le font encore…). Elle endure les caprices de leur fille malheureuse, cette fille censée être parfaite, qui se défoule sur elle pour évacuer toute cette pression qu’on fait peser sur ses petites épaules. La tragédie a tous les éléments pour se mettre en place durant ces sept années. On sait tous qu’une tragédie finit forcément mal. Avec l’unique point de vue de la bonne, on doute : il nous manque d’autres éléments pour comprendre le tableau entier. Peut-on vraiment la croire quand elle affirme que la mort de l’enfant est accidentelle ?