Gaëlle Geniller est une autrice et illustratrice de bande dessinée dont l’univers unique mêle mystère et atmosphères réconfortantes. Passionnée par la création de personnages et de décors, elle imagine des histoires captivantes qu’elle dessine, puis colore avec une attention particulière aux détails.
Elle aime particulièrement dessiner les interactions entre ses personnages, les jolis vêtements et les ambiances cosy qui transportent le lecteur dans un monde à la fois rassurant et mystérieux !
Votre dernière BD, Minuit passé est parue le 30 octobre dernier.
Dites-nous en plus.
Minuit Passé est une histoire que j’avais en tête depuis un petit moment, mais elle a beaucoup changé depuis le début de sa conception.
J’ai décidé de me lancer dans cette histoire lors d’une série d’insomnies que j’ai eues. J’ai cru devenir folle, mais j’ai préféré consacrer ces nuits blanches forcées à imaginer un manoir pour me calmer, et c’est à ce moment-là que l’histoire a pris un tournant beaucoup plus personnel que ce à quoi je m’attendais.
Au début, je voulais juste raconter une histoire de fantôme inquiétante et rocambolesque, mais malgré moi, l’histoire est devenue tout autre.
Le carnet graphique à la fin du livre donne des indices sur ce que l’histoire aurait pu être !
Qu’est-ce qui vous a inspiré à écrire cette BD ?
Je suis très attachée aux personnages que je crée.
J’aime leur imaginer des endroits rassurants. Quand je m’endors, quand je stresse, quand je m’ennuie, je les imagine dans des boudoirs parisiens les Années folles, tamisés de lampes Tiffany, dans des halls d’hôtel mystérieux art déco ou dans des manoirs hantés gentiment.
Le manoir de Guerlain, le “papa”, faisait partie des lieux que j’avais envie de mettre en scène. J’ai toujours aimé les histoires de fantômes et, comme dit plus haut, mes insomnies m’ont finalement beaucoup aidée à imaginer l’atmosphère de l’histoire.
Comment décririez-vous l’évolution du personnage de Guerlain tout au long de l’histoire ?
Il faut déjà savoir que Guerlain était là bien avant l’invention de l’histoire de Minuit Passé.
C’est un personnage que je dessine depuis 5 ans, pas parce que je faisais des recherches pour le livre, mais simplement parce que je l’aimais bien.
C’est un peu comme un vieil ami.
Je voulais lui donner une histoire à la hauteur de l’affection que j’avais pour lui. Je le dessinais plutôt joyeux toujours avec ce côté mélancolique cependant et avec Minuit Passé, j’ai dû découvrir une nouvelle partie de lui. Ça m’a fait plaisir. Dans cette histoire, il semble inquiet, préoccupé et ça ne va pas aller en s’arrangeant. J’ai redécouvert Guerlain et j’ai beaucoup aimé ça !
Le livre que vous lisez actuellement ?
J’adore lire des nouvelles.
En ce moment, je m’essaye aux nouvelles du Pays d’Octobre de Ray Bradbury, très appropriées pour la saison. Je me suis aussi volontiers plongée dans Liminal, de ALT236 un livre très bien renseigné et incroyablement immersif sur l’esthétique des espaces liminaux.
Pour une prochaine histoire peut-être ?
Le moment le plus émouvant de votre vie d’auteure ?
Il y en a beaucoup.
Je me souviens quand je suis allée chercher aux bureaux de Delcourt mon tout premier exemplaire du Jardin, Paris. C’était en plein confinement, donc j’y suis allée seule, avec ma compagne. On s’est assise sur un banc pour le feuilleter et c’est là que j’ai réalisé tout le travail que j’avais fait. Ça m’a beaucoup émue, c’est un très beau souvenir réconfortant.
Beaucoup d’instants d’échange ont aussi bien failli me faire pleurer et c’est dur de ne pas entrer dans l’émotionnel.
Il y a un moment qui me vient en tête : c’était lors d’une intervention scolaire dans un collège à Toulon. Les professeurs m’ont dit qu’une jeune élève d’une autre classe, avec qui ma rencontre n’était pas prévue, leur avait demandé si je pouvais lui consacrer un petit temps avant que l’intervention ne commence. Elle est rentrée dans la salle, un peu nerveuse et a déposé devant moi un dessin et une lettre qu’elle m’avait fait. Je l’ai sentie très touchée et quelque chose s’est passé en moi à ce moment, je ne saurais dire quoi.
Une phrase qui vous a marqué dans votre vie ?
“La nouvelle perfection est l’imperfection heureuse”.
C’est une phrase de Gitta Mallasz, que ma mère me répète souvent. Je l’aime beaucoup et elle m’apporte beaucoup de réconfort. Elle me donne envie de faire au mieux tout en essayant de voir la vie comme un jeu.
Un livre que vous avez lu d’une seule traite ?
Les Sept Morts d’Evelyn Hardcastle de Stuart Turton.
Ayant grandi avec Hercule Poirot et Détective Conan, je ne pouvais que le lire en une fois.
Et pourtant, je ne lis pas beaucoup de livres.
Il est prenant, c’est tout ce que j’aime. C’est un labyrinthe d’idées et de rebondissements et j’invite tous ceux qui aiment les enquêtes, ou juste le fantastique, à le lire. J’ai aussi adoré son autre titre L’étrange traversée du Saardam.
Une anecdote sur votre métier ?
Quand vient l’écriture de certains dialogues, je me lève et j’imagine la scène comme au théâtre pour que les conversations et les phrases me viennent plus facilement. Je joue mes personnages, j’essaie de changer de ton et de voix quand je passe de l’un à l’autre.
Pour vous, qu’est-ce qu’un bon personnage de BD ?
Pour moi, c’est un personnage avec qui ça ne nous dérangerait pas d’aller boire un thé ou un café. ☕ Si vous savez que vous voulez lui poser plein de questions et si vous pensez que vous allez passer un bon moment, qu’il soit intense, intéressant, cosy, drôle, qu’importe… c’est que c’est un bon personnage !
Votre méchant de livre préféré ?
Probablement la maison hantée dans La maison Hantée. Je ne peux pas en dévoiler plus, mais j’aime beaucoup quand, dans les récits, le lieu que les personnages traversent est aussi vivant qu’eux et qu’il finisse par prendre un rôle à part entière. Non franchement, lisez-le !
Si vous aviez une lampe d’Aladin, quel serait votre vœu ?
J’aimerais que mon chat, Monsieur Lulu, vive aussi longtemps que moi.
Si vous pouviez vivre pendant 24h dans la peau d’un personnage de livre, qui choisiriez-vous ?
On peut choisir un personnage qu’on a inventé soi-même ? Dans ce cas, je dirais Rose, de ma BD Le Jardin, Paris.
Je l’ai écrit en me disant que j’adorerais être lui et c’est toujours le cas aujourd’hui.
Ce personnage est resté si fort en moi que j’ai carrément l’impression d’avoir rencontré quelqu’un !
Quel conseil donneriez-vous aux lecteurs souhaitant exercer votre métier ?
Écrivez, dessinez, créez ce que vous souhaitez lire ou voir vous-même. ✏️🎨 N’attendez pas que quelqu’un d’autre le fasse pour vous.
Ça fait peur au début, mais ça en vaut vraiment la peine, je vous le promets. Surtout, amusez-vous !
J’ai la naïveté de croire que quand on fait les choses sincèrement en s’amusant, le public sera quoi qu’il en soit au rendez-vous.