L'ours inculte- 30/05/2024

Waterworld

Depuis quelques mois je suis partenaire de la maison d’édition Leha mais comme j’ai déjà lu pas mal de leurs grosses sorties traduites, j’me suis dit que j’allais explorer leur back-catalogue béret-baguette entre deux relectures de John Gwynne. C’est suite à quelques avis positifs que je me suis décidé pour Point Nemo, premier tome du cycle Azure de Polaris (parce qu’il y a plusieurs cycles, mais celui-ci fait apparemment un bon point d’entrée). Allez, plouf. Sur une Terre où les humains ont colonisé les océans quand la vie à la surface est devenue impossible, la station Nemo est un centre de recherche qui tombe en ruines dans une zone très isolée du Pacifique Sud. L’Organisation des États Sous-Marins a décidé de démanteler complètement le lieu et a envoyé Karl et son équipe en mission de quelques mois pour le faire. Seul souci, au bout de deux ans, les ravitaillements ont arrêté de venir, et les communications sont impossibles. Livrés à eux-même, les quelques survivants vont devoir tenter l’impossible pour chercher de l’aide, mais ils ne s’attendent sûrement pas à ce qu’ils vont découvrir. Point Nemo démarre comme une histoire de survie dans un milieu clos avec un groupe de personnages qui s’installent tranquillement et de manière très efficace. On a Karl, responsable de l’expédition et un peu au bout du rouleau, le jeune Simon qui bricole et file un coup de main là où il peut, Valère le bourgeois fils du proprio envoyé là parce que ça lui fera les pieds, Olympe la mécano fumeuse de cigare qui gueule sur tout le monde (mais on l’adore quand même) et Mallard le scientifique mystérieux qui cache ses recherches bizarres et parle jamais à personne. Par l’aventure en presque-huis-clos de ces quelques personnages, Philippe Tessier fait un truc que j’aime beaucoup : nous présenter tout un univers par une perspective unique et limitée. Parce que Polaris c’est tout un univers, la Terre a complètement changé, il n’y a plus d’états tels qu’on les connait aujourd’hui mais quelques factions et empires qui se partagent les océans, avec chacun leur idéologie et leur technologie très typées. C’est très marqué et on sent qu’on vient du monde du jeu de rôle (puisque Polaris est un jeu de rôle) mais c’est livré au lecteur de manière digeste et agréable, on nous situe l’état de l’univers, les différents camps et l’histoire du monde mais on reste sur des problématiques immédiates à l’échelle humaine. Chaque personnage du groupe de départ et certains petits nouveaux qui arrivent plus tard sont chacun un archétype de chaque société, et si ça fait un peu « défilé de factions », ça m’a posé aucun souci, on découvre des personnages ultra-charismatiques et avec chacun leur spécificité. J’ai personnellement beaucoup aimé Olympe et Grâce parce que la bad-assitude c’est mon kif. L’aventure qui nous est racontée dans cet univers est super efficace, y’a du suspense, de l’action, ça va vite et au bout d’un moment ça badaboum beaucoup et prend des proportions dramatiques. En refermant Point Nemo, on a l’impression de sortir d’un bouquin de James Cameron, avec ses films d’action aux personnages hyper-stéréotypés auxquels on s’attache en cinq secondes et trois vannes. On vire tous le gras, on va à l’essentiel, on n’épargne personne (oui, y’a des morts tragiques), c’est efficace, c’est inventif dans les technologies et les différents types de personnages dans ce cadre aquatique. C’est une introduction très réussie pour moi : En sortant de là on a envie d’en voir plus, de prendre un petit sous-marin et d’aller voir dans quel état est ce monde, quelles autres aventures on peut y vivre, et je serai ravi d’en lire plus (si je jouais encore aux jeux de rôle, j’aurai certainement envie de tenter celui-là, mais je joue plus depuis ma folle vie étudiante). Livre reçu en Service Presse de la part de la maison d’édition Leha, que je remercie.