Bladerunner15- 17/11/2021

Inclassable mais brillant.

Un roman dans lequel les vermines pullulent au sens propre comme au sens figuré… Arnaud Vallaud, la trentaine, est taxidermiste à Bourganeuf, petite commune de la Creuse. Il est asocial, cynique et dénué de la moindre empathie envers son prochain, préférant la compagnie des animaux qu’il empaille à celle de ses semblables. Cet homme est détestable et d’un cynisme peu ordinaire, et ressemble beaucoup à cette vermine qu’il traque dans ces œuvres de taxidermies. Dans cette activité insolite, il est assisté par Pascalin, un handicapé mental et alcoolique à qui il a spolié sa boutique en faisant de lui « son indispensable meilleur ami » il y a une dizaine d’années. Dame Clarence, une vieille bigleuse de 83 ans, acariâtre et sèche comme un coup de trique, complète ce trio loufoque en officiant comme femme de ménage dans la boutique. Le quotidien monotone d’Arnaud Vallaud s’emballe quand son chien « Einmal » meurt accidentellement, écrabouillé par l’armoire normande de la maison familiale. A partir de là, les événements tragiques et cocasses vont se succéder. Extrait : « Quatre ans se sont écoulés depuis la mort tragique du chien. Mille quatre cent soixante jours que je m’efforce de digérer. Ce n’est pas tant la perte de feu ladite bête qui m’a tourmenté au plus haut des cieux, mais bien les événements tragiques qui se sont succédé avec tel acharnement depuis sa disparition. » Hasard, accident, vengeance ? Arnaud Vallaud veut savoir. On n’est jamais aussi seul qu’on le croit… DECALE, CYNIQUE, EBOURRIFFANT sont les trois qualificatifs que je retiens pour définir ce thriller campagnard de Romain R. MARTIN qui est une vraie réussite. Ce roman est inattendu et ne rentre pas dans les cases standards du thriller ou du polar classique et çà, c’est vraiment top. Tout m’a intrigué et m’a scotché. Tout d’abord la photo de couverture et le titre Vermines m’ont tapé dans l’œil et m’ont interrogé. Puis passé ce premier visuel, les personnages, les situations burlesques, l’intrigue et le ton corrosif et décalé de l’auteur m’ont convaincu définitivement du talent de l’auteur. Romain R. Martin nous place dans la peau de ce taxidermiste manipulateur, méprisant, à l’humour vitriolé et joue avec son lecteur en variant les styles, les références littéraires et musicales pour dévoiler un final inattendu et accentuer le burlesque et la noirceur des situations. Je vous le conseille : c’est un premier roman qui se lit d’une traite et avec curiosité. Cet auteur est à suivre de très, très, près, il sort des codes et du cadre habituel. Je pense que Romain R. MARTIN est capable de tout ! ^^ Sandrine Durochat