Lecoindesmots- 25/03/2022

Microcosme à l’anglaise

En août 1947, à Pendizack, sur la charmante côte des Cornouailles, une falaise s’effondre sur l’hôtel de Pendizack, un manoir tenu par la famille Siddal. Sur les 23 pensionnaires, 7 sont morts dans l’éboulement. Le roman s’ouvre sur le père Bott, qui bataille pour écrire son oraison funèbre et s’apprête à conter à son ami, le révérend Seddon, ce que les survivants de cette terrible tragédie ont pu dire alors qu’ils étaient venus se réfugier dans son église. Et c’est ainsi que nous, lecteurs, nous apprêtons à suivre les derniers jours de ces pensionnaires et à découvrir leurs travers. Au fil des pages, Margaret Kennedy nous offre une palette de personnages absolument jubilatoires et Oh ! So British ! Écrit à la fin des années 40, on retrouve dans chacun des personnages les stigmates d’une guerre encore très présente dans tous les esprits et la vie quotidienne… Car se sont bien les tickets de rationnement et les pénuries en tous genres qui sont à l’origine de la rencontre de tous ces pensionnaires, qui n’ont en commun que les conséquences d’une guerre dont ils ont été les témoins. Ainsi, c’est un réel microcosme de la société anglaise de l’après-guerre qui se retrouve dans cette pension de famille. L’avant-propos, rédigé par Cathy Rentzenbrink, permet de jeter une nouvelle lumière sur le récit de Margaret Kennedy, dont la Table Ronde nous offre ici une troisième édition revisitée : sept décès, comme les sept pêchés capitaux. Et c’est là tout le jeu littéraire de l’autrice, qui, à n’en pas douter, a pris un réel plaisir lors de l’écriture de ce roman. Se déroulant sur les sept jours précédents l’éboulement, cette tragi-comédie met en scène des personnages aussi réjouissants qu’agaçants dont on se plait à tenter de découvrir s’ils vont survivre ou non et quels événements les auront poussés à se retrouver dans ce manoir, en pleine journée d’un mois d’août ensoleillé. Un roman absolument délicieux, un véritable bonbon anglais comme je les aime. Un joli coup de cœur.