SudOuest- 22/02/2021

Une intrigue hors du temps

C’est un moment suspendu, une parenthèse qui dure trois jours pour le petit groom et 80 pages pour ses lecteurs : « Pacific Palace » séduit, étonne et fascine. Le coup de poing asséné en pleine face par Spirou à Fantasio dès la page 3 est anecdotique sans être neutre : il témoigne de la liberté totale dont Durieux s’est d’évidence délecté. Son scénario, à la fois fouillé et limpide, réussit à croiser plusieurs fils narratifs pour les tisser sans les emmêler. Comme dans « Les Gens honnêtes », les personnages secondaires affirment leur formidable densité et permettent à l’auteur, cinéphile confirmé, de broder une fantaisie romantico-policière à la façon d’Ernst Lubitsch ou Billy Wilder. Graphiquement, « Pacific Palace » s’avère également un enchantement de rêve éveillé. Où les jeux de couleurs (les bleus de la piscine et de la nuit) et de lumières irradient un dessin qui conjugue la rigueur d’architecte et le sourire d’un enfant grandi trop tôt. Quelle élégance !