BookLy- 28/09/2021

Paternoster

"La décision était prise, il y avait un protocole et tout ce protocole se résumait en un seul mot : débrancher. Débrancher votre père. Débrancher papa." 📖 C'était important pour moi de commencer cette chronique par ces mots-là. Par la violence de ces mots-là. Allez-y, lisez à voix haute. Jusqu'à ce "Débrancher papa". Qui saisit à la gorge. Et serre. 🗓 Le père de Gaspard est dans le coma. Il le sera pendant 196 jours. 196 jours où Gaspard ne quittera pas son chevet. 📚 La structure du livre est particulièrement intelligente. Dans les premières pages, le recul de Gaspard. Cette protection qu'il se refuse dans la fuite, il se l'offre avec des souvenirs. Des souvenirs dégueulasses. D'un père qui boit trop, s'absente, de son visage qui se ferme, s'ennuie, se lasse. Un père parti pour l'île de la Réunion, remarié, divorcé encore, à nouveau papa. Un père presque inconnu, ce sont les premières images que nous offre ce fils. 📃 Puis, au fil des pages, le cœur s'attendrit, les souvenirs aussi. On se rappelle de grands éclats de rires, de parties de tennis endiablées, de papa qui amuse, voudrait bien faire mais ne sait pas. Le confesse dans un cahier à la hâte, par pudeur, par habitude des silences. Et comme c'est touchant, ces mots qu'on ne s'est jamais dit mais qu'on sait tous. Voilà comment Gaspard rencontre son père et pardonne. 📚 Friands de pathos, de voyeurisme médical, passez votre chemin. Voici un roman touchant, humain, qui n'a la prétention de rien. Avec Gaspard, dans cette chambre à l'étage 3, ce sont nos souvenirs qui reviennent. Nos pardons. Du bout des lèvres, mais nos pardons quand même. 🙏 Merci, Monsieur Girard, pour la beauté et la justesse de vos mots. Merci pour les larmes. Elles nettoient toujours de quelque chose. Merci @babelio_ pour cette masse critique. Je m'estime plus que chanceuse de cette decouverte. Merci @au_diable_vauvert_editions 🤍