Evergreen13- 07/01/2024

Instinct maternel 👶🏻🍼🤖🇺🇸

En 2049 l’armée américaine met en œuvre Tabula Rasa une opération de guerre bactériologique en Afghanistan, malgré l’avis négatif des scientifiques consultés. Faire table rase, à l’aide de nanoparticules d’ADN synthétique (NAN-CI) capables de simuler un virus pulmonaire et de tuer l’hôte en quelques semaines (« une arme de précision qui ne laisserait pas de traces. Aucune trace d’elle-même, aucune trace de son origine. Une arme qui se contente de tuer, puis de disparaître. »). Une opération sans risque, à priori, car les NAN-CI ne sont pas contagieuses. Malheureusement, rien ne s’est déroulé comme prévu : si les cibles ont bien été contaminées et éliminées, les résidus de NAN-CI (ceux qui n’avaient pas été inhalé) ont trouvé le moyen de se reproduire et à contaminer « une espèce réceptive d’archéobactéries présente dans le sable du désert » capable d’infecter n’importe quel organisme notamment l’être humain. Les militaires sont forcés de le reconnaître : cette « chose » est hors de contrôle. A terme (quelques années dans le meilleur des cas) toute la population mondiale sera touchée et disparaîtra, aucun vaccin, aucun remède ne pouvant être mis au point et produit en quantité suffisante pendant ce laps de temps –très court- … C’est perdu d’avance, la race humaine va être éradiquée. C’est alors qu’une idée folle est émise : et si des embryons humains (dont l’ADN modifié les immuniserait contre la NAN-CI) étaient confiés à des robots bourrés de technologies et d’intelligence artificielle afin qu’ils les mettent au monde, puis les élèvent ? Comme des mères. Avec ce point de départ, l’auteure, qui est biochimiste, a bâti une formidable fiction d’anticipation autour de la maternité, de l’instinct maternel, l’appartenance et du lien d’attachement.  La grande originalité du roman, qui pouvait se cantonner à un récit apocalyptique (très réussi d’ailleurs), réside dans l’inventivité des « robots cocons » pouvant (vraiment ?) remplacer les humains et sauver l’humanité. Les robots-mères sont dotés d’une intelligence artificielle nourrie par la personnalité de différentes femmes, le code-mère. Ces « mères » sont donc capables de s’occuper d’un enfant, de ses besoins élémentaires bien sûr, mais au-delà : de les éduquer, de les protéger et… de les aimer (la réciproque étant vraie). Mais une machine, aussi sophistiquée soit-elle, peut-elle remplacer l’humain et le lien si particulier qui relie l’enfant à sa mère ? Les enfants nés de ces robots-mères sont éparpillés dans le désert de l’Utah mais ils vont peu à peu se retrouver et former de petites communautés. Des liens vont se créer… Les enfants, devenus des adolescents, vont-ils s’émanciper de leurs « mères », celles-ci ont-elles été programmées pour les laisser les quitter ? Nous suivons plus particulièrement Kaï et sa « mère » Rho-Z, et les voyons évoluer. Plusieurs thèmes sont abordés dans ce roman : la manipulation génétique (les dérives, mais aussi les espoirs suscités sur le plan médical), le développement de l’intelligence artificielle (là encore avec tous les dangers redoutés mais aussi les différentes applications qui pourraient améliorer notre vie), l’avenir de l’humanité et le développement des enfants, à travers des personnages attachants, pris dans le piège d’une véritable course contre la montre au sein d’un univers dans lequel les robots semblent finalement plus sensibles et aimants que les humains…