Chris5867- 15/03/2024

Quel cirque !

Parce qu’Interpol ne lui a pas vraiment laissé le choix (parfois, pour sauver un ami, on est prêt à faire beaucoup de choses) Luc Mandoline, ex légionnaire devenu embaumeur dans une société de pompes funèbres, accepte d’infiltrer une organisation criminelle. A sa tête, un milliardaire complètement fou, passionné de cirque, et qui entreprends de reconstituer des scènes de cirques à base de cadavres platinisés. Luc se rends donc là où tout se construit, en Turquie, pour participer à cet abominable travail « créatif ». Il est envoyé là-bas par Interpol pour trouver les preuves d’un trafic de cadavres de prisonniers politiques chinois. Mais ce qu’il va découvrir est bien pire. Je pensais avoir fait le tour de la bibliographie de Nicolas lebel et voilà que je tombe sur ce petit roman, « La Piste aux Etoiles ». C’est un roman noir assez court (8 gros chapitres) qui met en scène, à la première personne, un homme qui est et restera assez insondable. Ancien Légionnaire, il est devenu thanatopracteur, il mène une vie modeste, presque austère dans un bled de l’Yonne et rien ne le prédestine à devenir un infiltré d’Interpol. Une mystérieuse organisation lui propose un deal improbable et immoral qu’il refuse, puis qu’il se voit contraint d’accepter et le voilà en Turquie en train de manipuler des cadavres comme si cela était de simples objets. L’intrigue est assez simple à suivre, elle se déroule sur quelques jours et met en scène un nombre assez restreint de personnages : scoop, il y a des mercenaires russes sans foi ni loi pour assurer la sécurité et re-scoop, ils n’ont aucun état d’âme avec la vie humaine ! On trouve aussi une rousse sulfureuse, un milliardaire cinglé, des cascades, et tout cela dans un manoir en Turquie, dans un pays qui sent le souffre. Bref, on à tous les ingrédients un bon thriller à la James Bond ou à la Jason Bourne comme le cinéma en raffole. Le fait que l’intrigue se déroule en Turquie n’est pas innocent, car le dénouement de l’intrigue (très cynique, très ancré dans la réalité et extrêmement dérangeant) est lié à ce pays et à sa position géographique et géopolitique. On retrouve sur le fond les thèmes de Nicolas Lebel, toujours très politiques, très liés à l’actualité, et sur le fond on retrouve son humour. Par petite touche, ça et là, par une métaphore, une allusion, une réflexion bien sentie, un surnom donné à un personnage, son humour noir met encore un peu plus de peps à ce roman très noir. C’est trop rare, l’humour dans les polars, qu’ils soient français ou anglo-saxons. Souvent, les thrillers se prennent horriblement au sérieux, s’imaginant sans doute que cela accentue leur noirceur. Lebel n’a jamais eu ce réflexe et cela fait du lui une heureuse exception dans le monde du roman noir français.