Evergreen13- 26/02/2022

Un fleuve de sang 🇮🇶🖤🖤🖤

Le fleuve, c’est le Tigre, qui traverse l’Irak  du Nord au Sud, en passant par Bagdad, avant de rejoindre l’Euphrate. Le sang, c’est celui des hommes et des femmes de ce pays martyr. Celui des hommes qui font la guerre et tombent sous les bombes ou sous les balles des ennemis ou, comme Mohammed, touché par « erreur », une victime collatérale, comme tant d’autre, pulvérisé, dont il ne reste rien à porter en terre… Le sang des femmes surtout, (« Nous naissons dans le sang, devenons femmes dans le sang, nous enfantons dans le sang. ») celui qui devra réparer la faute, restaurer l’honneur de la famille. Les mots ont (parfois) une force incroyable. Dans ce court roman, l’auteure nous fait vivre quelques heures de la vie d’une jeune femme, et alterne les voix, celle de cette femme, mais aussi celle de sa belle sœur, de ses frères Amir et Ali… C’est comme si nous étions près d’elle, comme si nous pouvions la toucher, écarter son voile, la prendre dans nos bras, l’emmener loin du sort tragique qui l’attend et auquel elle semble résignée. C’est un très très beau roman (le premier de l’auteure), d’une puissance et d’une tristesse infinie…   Que te pleurent les Anciens d’Uruk aux remparts que te pleurent les gens d’Uruk qui derrière nous nous désignaient du doigt et nous bénissaient et que l’écho des pleurs retentisse dans les campagnes Que sur toi se lamentent l’ours et l’hyène le tigre et le léopard, le chacal et le lion le cerf, les gazelles et tous les animaux de la plaine. Que sur toi se lamente le fleuve Oulaï dont nous avons parcouru les rives. Que te pleure le pur Euphrate où nous puisions notre eau. Que sur toi se lamentent ceux qui t’ont fait goûter le pain pour la première fois. Que te pleurent les frères et les sœurs. Abed Azrié