Popeline- 20/09/2023

Fun comme Funambule

Ne vous fiez pas à son titre joyeux ou sa couverture criarde, Alison Bechdel fait plutôt dans le Funeste. Sans plume et sans filet, elle retrace son parcours dans une famille dysfonctionnelle. Elle cherche surtout à comprendre si la révélation de son homosexualité à un rapport avec le suicide présumé de son père (la version officielle étant qu'il s'est fait renverser par un camion). Mais d'abord, qui est cet homme ? Une figure paternelle distante et autoritaire. Prof de littérature anglaise mais aussi thanatopracteur dans l'entreprise Funéraire familiale. Sa grande passion est de chiner. Il passe ses journées à transformer la maison en manoir néo-gothique, au grand dam d'Alison qui ne parvient pas à trouver ses marques dans ce musée impersonnel et finit par développer des tocs. Mais l'art est plus important que tout car il est beau. Et le beau est pratique car il cache la vérité. C'est d'ailleurs pour ça que sa mère s'est réfugiée dans le théâtre car son rôle est trop dur à assumer. Celui de prétendre que sa famille est unie alors que son mari est plus plus intéressé par les antiquités et les jeunes garçons... La bombe est lâchée ! Alison ne fait le procès de personne. Elle veut juste comprendre qui elle est dans tout ça. Et pour s'y aider, elle invoque les grands noms de la littérature : Proust, Joyce, Colette, Fitzgerald, Faulkner... Elle dose parfaitement les mots et les images. Tout se lit comme un puzzle et on avance avec elle, en équilibre sur une ligne claire.