L’amour qui brûle les corps…

(Bd obtenue dans le cadre d’une opération masse critique) « Dans le silence de ton regard » est une Bd de Pascal Piatti pour le scénario et de Sarah Con Hache pour les dessins. Il s’agit d’une bd pour adultes qui traite d’un sujet d’adultes, celui de la complexité des rapports amoureux. Ma première sensation a été celle du format de cette bande dessinée. Nous ne tenons pas une Bd de taille classique et ce n’est pas le format manga non plus. On a l’impression d’avoir une bande dessinée intimiste, comme un livre que l’on lirait en cachette. Au final j’ai bien aimé, peut-être que si l’éditeur avait fait le choix d’une une couverture souple cela aurait augmenté l’effet de livre que l’on lit en cachette. Ma deuxième sensation est le scénario dans son découpage. La bande dessinée est proposée sur deux chapitres comme deux points de vue ! Celui d’Antoine avec sa version de l’histoire dans le premier chapitre et celui de Domitille avec sa perception de la même histoire dans le second. Pour autant il n’est nullement question pour l’auteur de raconter deux fois la même chose. Là est la subtilité de cette bande dessinée. Chacun des deux protagonistes donne des éléments de compréhension que l’autre ne pouvait pas connaître. Le lecteur devient, alors, le témoin privilégié de l’histoire d’amour entre Domitille et Antoine. Sans pour autant être voyeur. Ma troisième surprise à la lecture de cette bande dessinée est le thème abordé. Un amour de jeunesse peut-il s’effacer totalement avec le temps ? Domitille et Antoine ont vécus une histoire d’amour qui est restée inachevée. Le temps a passé et chacun a continué sa vie. Pourtant il reste comme une trace de l’autre comme une tache indélébile. Je vous laisse découvrir la suite de l’histoire. Je ne peux m’empêcher de le dire qu’il y a du vécu dans cette histoire. Peut-être pour l’un des deux auteurs ! J’ai été déstabilisé par la lecture de cette Bd. Tout simplement parce que je me suis retrouvé dans le personnage d’Antoine. Comme un sentiment de déjà vécu ! En lisant la bande dessinée, se sont des questions, des doutes, des angoisses et l’excitation aussi d’avoir envie de revoir une personne que l’on aimé, que l’on a complètement oublié pendant des années et qui revient d’un coup dans votre esprit avec cette éternelle question : dois-je aller plus loin et tenter de la retrouver au risque de tout perdre ? Pourquoi l’être qui partage votre vie, avec qui vous voyez grandir des enfants ou pas, n’est pas celle qui occupe toutes vos pensées ? Avec cette envie tenace de savoir ce qu’est devenue l’autre, si on se revoit que va t-il se passer ? Que peut-il se passer ? La lecture de cette bande dessinée m’a gentiment renvoyé 15 ans en arrière. Cela parlera ou non au lecteur, dans mon cas cette histoire a été comme un retour dans mon passé et je ne m’y attendais pas ! Dessiner des corps nus, des corps faisants l’amour n’est pas simple. Transmettre dans le dessin une émotion est encore plus difficile le tout sans tomber dans le vulgaire ou le cliché l’est encore plus. Sarah Con Hache réussit sur ces trois points. Ses dessins de couples sont d’une tendresse absolue, elle arrive à saisir dans un seul dessin l’émotion de l’étreinte d’un couple. Ce moment où l’un provoque la vague de plaisir chez l’autre. Le choix de donner au lecteur que le dessin à regarder donne une dimension émotionnelle encore plus forte. C’est au lecteur d’imaginer la respiration, les gémissements, le bruit des corps. Autant je n’ai pas été sensible ou touché par la morphologie du personnage de Domitille mais cela n’engage que moi. Autant les scènes de rapports amoureux sont très sensuelles. Le choix des couleurs vient rajouter une touche de tendresse aux personnages. Pour conclure c’est bien de l’amour dont parlent les auteurs. De l’amour avec un grand A, de sa complexité entre deux individus. De l’amour dans ce qu’il peut permettre de faire de plus beau. Mais aussi dans ce qu’il nous fait faire par folie. Mais peut-être que c’est tout simplement cela l’amour, la beauté et la folie. Bonne lecture...