Sebastien N- 20/02/2024

Cartoon

Parfois on adhère facilement à l'idée que toutes les crapules ne se valent pas, voir même que certaines ont bien raison de se laisser aller à quelques entourloupes pourvu qu'elles soient dirigées vers plus crapules qu'elles. Si l'on met quelques temps a baisser nos barrières pour s'assurer du "bon fondement" imposé par notre morale collective, on se plait alors à se laisser aller en espérant, une fois n'est pas coutume, que tout cela reste impuni. Dans Crook, on met quelques planches à cerner le personnage espiègle qui est devant nous. Car si on ne connait pas encore son dessein final, on se mefie de sa vénalité apparente. Il commence par abuser les "braves gens", certes bien niais de suivre ses filouteries, dans des stratagèmes qui ne nous laissent pas sans sarcasmes. Mais bon, on ne peut l'aimer tout de suite car on y voit que son propre intérêt et il nous parait assez antipathique. Mais Jérôme Tillard qui se plait a nous perdre, arrive assez facilement a nous embarquer dans son scénario digne des meilleurs farces du cinéma post seconde guerre mondiale. Crook abuse, rapine, ment, trompe, monte les uns contre les autres, se déguise, soutire, resquille. Tout le monde y passe, des malfrats aux contentieux anciens, à la police, en passant par les notables locaux. Si l'histoire n'est pas sans interêt et qu'on y passe un agréable moment, les dessins sont vraiment (pour moi) le gros point fort de l'album. Romain Blais colorise New York de milles tons, enchainant les planches très colorées et celles bien sombres. On est un peu dans les codes du cartoon et cela ajoute à l'impression hilarante de l'ensemble. Au final on s'en tape de la morale collective et ca tombe bien. Car si Crook se révélera finalement dans la peau d'un robin des bois, c'est quand même bien tentant parfois de lever son majeur bien haut pour répondre à la désapprobation collective. Car elle est souvent un frein important dans notre capacité à décider sereinement et c'est bien dommage dans la plupart des cas. Publié chez Paquet le 14 février, à lire sur les bancs publics.