Jmgruissan - 16/08/2020

Fin d'une trilogie décapante

Troisième volet de la trilogie d’Iceberg Slim, Mama Black Widow nous entraine au cœur du ghetto noir de Chicago des années 40 à 60. Survivre à la misère, à la violence de la rue et celle de la police, au racket, à la prostitution est un challenge quotidien. Les plus forts et les plus malins tirent leur épingle d’un jeu où la haine entre blancs et noirs, née dans les champs de coton, atteint son paroxysme et dont l’Amérique paye encore, de nos jours, ce douloureux héritage. Otis Tilson est né dans le Sud des Etats-Unis, son père travaille dur et s’épuise à cueillir le coton mais il nourrit bien sa famille. Pourtant Mama ne désire que s’extraire du Sud raciste pour s’installer dans le Nord avec des rêves de richesse et de liberté. Or, ce ne sera que désenchantements et douleurs. Otis, très beau travesti raconte à Iceberg Slim l’histoire de sa famille dont les membres seront broyés par les lois sordides du ghetto. Cette trilogie d’Iceberg Slim, l’ancien maquereau de Chicago, démontre la puissante inertie de la reproduction des classes sur les terres de l’American Dream. Désormais écrivain, Iceberg Slim peut se permettre de parler des années d’exclusions de la société WASP et des pires ….. Se rachète-il une conscience en démontrant la pesanteur d’une société raciste qui entraine, parfois malgré eux, même les meilleurs dans la spirale infernale de la délinquance. Dans tous les cas, cette trilogie est un chef d’œuvre unique et indispensable.