Evergreen13- 04/10/2023

Le trident ☁️☁️☁️🇨🇦

Rien ne va plus pour le commissaire Adamsberg ! Son entente avec son adjoint Danglard a du plomb dans l’aile et pour ne rien arranger, le voici en proie à des malaises inexpliqués, des sensations étranges qui le laissent vide et hagard. Inexpliqués, mais pas inexplicables. Adamsberg parvient à en identifier la cause : un article d’un journal alsacien relatant un meurtre qui le ramène près de trente ans en arrière… Le meurtre d’une jeune fille, en tous points pareil à celui de Lise, la petite fiancée de son frère Raphaël. Raphaël le coupable idéal, qui ne se souvenait plus de rien… Adamsberg, 18 ans à l’époque, jeune agent de la paix dans la police de Tarbes, avait dû lui fabriquer un alibi et cacher une pièce à conviction car, oui, il était convaincu de l’innocence de son frère et persuadé de connaître l’identité du meurtrier, le juge Fulgence, notable du village, le diable en personne, protégé par sa position sociale.  Adamsberg avait perdu son frère et traqué le juge pendant quatorze ans, quatorze années pendant lesquelles il avait recensé huit crimes identiques, commis à l’aide d’un trident, tous par le juge qui n’avait jamais été inquiété. Seulement voilà, le juge était mort depuis quatorze ans : comment pourrait-il avoir tué cette jeune fille à Schiltigheim ? Un imitateur ? Ou, à supposer qu’il soit ressuscité (rien d’impossible pour le Diable), un bel exploit pour un homme approchant les cent ans… La réponse à cette question devra attendre : toute l’équipe d’Adamsberg doit s’envoler pour Montréal, effectuer un stage auprès de la police scientifique Québécoise. Un stage déroutant, à plus d’un titre, et pas de tout repos, où Adamsberg devra pelleter bien plus que des nuages… Après mon gros coup de cœur pour "Pars vite et reviens tard", je me suis à nouveau régalée avec cet opus. Cette fois-ci, je n’ai eu aucun mal à entrer dans le livre, le commissaire Adamsberg n’est plus un « inconnu ». L’écriture de Fred Vargas est brillante et colle parfaitement à ce personnage atypique. J’ai tout aimé dans ce polar : retrouver le commissaire et son équipe (Danglard qui n’est pas ménagé tout au long du bouquin) l’ambiance glaciale du Québec réchauffée par les expressions imagées de nos « cousins » (dont certains comme Sansquartier le bon, ou l’écureuil Gérarld restent inoubliables), la poésie qui parvient à se glisser dans une intrigue policière d’une noirceur totale… J’ai aimé aussi les personnages féminins qui illuminent le roman : le lieutenant Violette Retancourt qui dispose d’une énergie inépuisable et de ressources insoupçonnées, Clémentine rencontrée dans le précédent opus qui remettra Adamsberg sur les rails à coups de flip-porto et de galettes au sirop d’érable, et l’inénarrable Josette qui hante les souterrains en tennis et charentaises !  « Prends tes skis et suis ta traque, le pelleteux de nuages. Et assieds-toi dessus, man. Et puis tourne. »