Lieowl- 12/01/2023

L'amitié sublimée

Je pense que ma réaction à votre roman est un peu trop personnelle pour que le recommande un jour. Je ne suis pas sûre de savoir comment je le conseillerai. Ou alors il faut l'offrir sans un mot. Je n'ai jamais lu aussi lentement auparavant. Ce livre m'a transcendé. J'étais perpétuellement dans une sorte d'état second, entre les larmes aux yeux et le pincement au cœur.  Mais jamais triste. J'ai pour habitude de marquer d'un signet les passages qui me marquent, que je trouve beaux, dérangeant,  obsédants... La tranche de Chicago est un arc en ciel. C'est merveilleusement bien écrit. Les descriptions sont magnifiques.  Et l'auteure a une façon extraordinaire d'écrire l'art. Elle écrit les émotions de l'art et je vous garantis que le lecteur les reçoit. J'avais l'impression d'être en trance au concert,  de me perdre devant les vitraux de Chagall au musée.  A tel point que j'ai hésité à chaque fois à aller sur internet écouter ou regarder l'œuvre originale. Je ne sais pas résister à la tentation donc je l'ai fait à chaque fois et aussitôt regretté. L'aperçu d'internet ne rend pas justice aux descriptionsdd ce roman, il aurait fallu expérimenter l'instant pour rivaliser. Je ne suis jamais allée à Chicago, ni aux États-Unis d'ailleurs,  mais la ville était comme un personnage à part entière.  Et que dire des personnages justement...Je les ai aimé,  je me suis attachée à eux, je me suis identifiée à eux. Mais le cœur de ce roman pour moi c'est l'amitié.  Jamais je n'ai lu l'amitié comme vous l'avez écrite.  Avec si peu de dialogues mais autant d'intensité.  Et il y a tant de choses encore. L'auteure a mis tellement en si peu de pages ! J'ai pris beaucoup de temps de reflexion en vous lisant. Elle a vraiment un talent pour évoquer des questionnements complexes en peu de mots. Un exemple page 33 :  " Sara, prise dans un moteur de navire, recueillie et soignée  ; puis enfermée. " J'ai reposé le livre à ce moment là et j'ai réfléchi à tout ce que cette phrase m'évoquait. Cette phrase m'a travaillé pendant des jours. Je n'aime pourtant pas me poser pour réfléchir.  Ce roman m'a chamboulé.  Je lis beaucoup. Souvent plus machinalement qu'autre chose. Je lis comme on écoute la radio, pour assourdir le silence, et puis parfois il y a des morceaux qui vous arrêtent net. Chicago c'est exactement ça.  C'est la chanson que l'on va réécouter en boucle à la nuit tombée sans savoir pourquoi.