Lou Knox- 04/03/2024

Le gardien du Verger

Difficile de croire que Le Gardien du Verger soit le premier roman de McCarthy. Le roman est beaucoup trop affûté (sans qu’on ait pris la peine de le polir pour autant), beaucoup trop méticuleux, ardu. On y retrouve toute la genèse de ce pourquoi on aime l’ensemble de son oeuvre ; une écriture sans frontières temporelles, sans limites dans l’espace, une écriture dense, onirique. De plus l’imagerie de McCarthy est souvent lyrique - comme si la nature s’exprimait, transformant cette dernière en personnage à part entière. Chaque morceau de phrase, chaque passage est cinématographique, tant sur le plan visuel qu’auditif, et McCarthy sait que derrière chaque lecteur.ice, spectateur.ice il y a, tant il régale de ses visions. Le Gardien du Verger donne des indices sur le ton prophétique de l’Ancien Testament dont les références sont assez explicites pour qu’on puisse les remarquer sans être expert en théologie. L’histoire se déroule dans le Tennessee rural, entre les deux guerres mondiales, et l’un des principaux personnages est un contrebandier nommé Marion Sylder. Les personnages se déplacent constamment à travers les montagnes, la petite ville locale, les chemins et routes qui les relient tous. Impossible de ne pas y voir la substance noire du futur décor de La Route, avec des hommes qui embrassent le danger pour survivre et maintenir une indépendance impitoyable. Je me verrais mal conseiller Le Gardien du Verger comme découverte de McCarthy, pour moi il est beaucoup plus que ça (et la difficulté à le lire y est pour beaucoup), il est le début d’un arbre généalogique littéraire ; autant prendre le temps de découvrir la beauté des ramifications et remonter la source plus tard. Quelque part, c’est une manière de se sentir, récompensé. Traduit de l’🇺🇸 par Patricia Schaeffer et François Hirsch @editionsdelolivier @cormac_mccarthy_fan_page #litteratureamericaine #cormacmccarthy #theorchardkeeper #legardienduverger