Evergreen13- 10/10/2024

H5N1 💉😷

Londres, dans un futur proche. La ville est totalement confinée, les rues, désertes, sont quadrillées par l’armée qui n’hésite pas à tirer contre toute personne démunie de laisser-passer… Une terrible pandémie de grippe aviaire ravage le pays. Avec un taux de mortalité de près de 60%, la population est décimée. Le vaccin promis, le FluKill, n’est pas d’une efficacité probante si bien que les hôpitaux ne parviennent plus à faire face. Il faut d’ailleurs en construire un nouveau très rapidement, dans Archbishop’s Park dont l’intérêt historique est de peu de poids face à une telle urgence. Mais tandis que les excavateurs tournent à plein régime, des ossements relativement récents sont découverts, à priori ceux d’un enfant. Les travaux sont stoppés et la police sommée de se dépêcher de faire ses constatations pour qu’ils reprennent le plus vite possible. C’est l’inspecteur MacNeil, à la veille de quitter la police, qui est chargé de l’affaire. Alors qu’autour de lui le monde s’écroule, MacNeil n’a que vingt-quatre heures pour résoudre une enquête poignante aux implications qu’il ne mesure pas. Peter May indique en préface avoir écrit ce roman en 2005 mais qu’il avait été refusé par les maisons d’édition (« Les éditeurs anglais jugeaient ma description de Londres assiégée par l’ennemi invisible du H5N1 beaucoup trop irréaliste, trop improbable – bien que toutes mes recherches aient prouvé que cela pouvait réellement se produire. »). Rangé et oublié, il l’a finalement ressorti… en 2020, pendant la crise du COVID. Et force est de constater que l’auteur a des talents de prémonition tant les événements imaginés dans ce polar dystopique sont proches de la réalité. J’avoue que je me suis laissée prendre à la fois par l’intrigue policière plutôt bien menée (encore un flic écossais, cette fois déraciné en Angleterre !) et par le contexte de la pandémie, dont la description frise le documentaire. Très crédible (malheureusement), ce roman fait parfaitement ressentir les effets qu’une telle pandémie pourrait avoir, à la fois sur la gouvernance d’un pays (on apprend au début du roman que le Prime Minister vient de mourir) sur son économie, sur la population terrée (seuls les plus riches se sont mis à l’abri dans des îlots gardés par des gens en armes)… Il est également édifiant sur la puissance des laboratoires pharmaceutiques (et ça, ce n’est pas de la science-fiction). Troublant et prémonitoire.