Lorsque l'enfant disparaît 🔎👶🇬🇧

Toni et sa fillette Evie, 5 ans, viennent d'emménager à Nottingham. Elles ont dû quitter le confort d'une maison cossue située dans un beau quartier lorsque Toni a perdu son mari,   soldat tué en Afghanistan. Toni croule sous les dettes et se retrouve totalement dépendante de sa mère. Heureusement elle trouve bientôt un emploi dans une agence immobilière, un job à temps partiel, très largement en dessous de ses compétences. Sa patronne est une vraie garce mais elle sympathise avec sa collègue Jo et prend rapidement ses marques. Evie a intégré une nouvelle école et son institutrice semble très impliquée. Pour la première fois depuis le décès de son mari elle a l'impression de se reprendre en main, peut-être même pourrait-elle envisager de se passer des cachets d'opioïde qu'elle avale de temps à autre pour  tenter de tenir le coup. Mais tout s'effondre lorsque sa mère fait une chute et se retrouve à l'hôpital, dans l'incapacité d'aller chercher Evie à la sortie de l'école... Toni arrive en retard, l'école est fermée, tous les enfants sont partis, et Evie a disparu... Voici un thriller psychologique au thème battu et rebattu mais qui se révèle particulièrement réussi et addictif ! La construction du roman y est pour beaucoup : l'histoire nous est racontée principalement à la première personne, en alternant deux époques, celle où Evie disparaît, puis trois ans plus tard. L'auteure brouille les pistes avec intelligence et même les lecteurs les plus rompus aux intrigues machiavéliques des polars et thrillers tomberont dans le panneau ! Les personnages sont bien campés, il est facile de s'identifier à Toni, de partager ses espoirs et son désespoir. Les thèmes abordés sont également intéressants : lorsque Evie disparaît, c'est tout naturellement sur Toni que l'opprobre générale se focalise. Comme souvent, l'entourage, la presse, les réseaux sociaux se déchaînent contre les parents, même les plus irréprochables... Autre "sujet" développé par l'auteure, celui des personnes qui semblent dans un coma dépassé mais qui sont (malheureusement) conscients, enfermés dans leur propre corps, sans parvenir à le faire comprendre, sans pouvoir exprimer quoique ce soit, si ce n'est, au prix d'efforts incommensurables, en clignant des yeux... (cf le titre original du livre "Blink" et à lire l'excellent "Il était une fois mon meurtre" d'Emily Koch).   En revanche, j'ai été déçue par la fin : autant le suspens distillé au fil des pages m'a littéralement aimantée au livre, autant le dénouement m'a semblé hâtif et tiré les cheveux. C'est une (excellente) chose de promener le lecteur de fausses pistes en chausses trappes, c'en est une autre de lui faire gober une conclusion sortie de nulle part !      Pardon à Victor Hugo pour avoir détourné le titre d'un de ses sublimes poèmes ! (https://www.bonjourpoesie.fr/lesgrandsclassiques/Poemes/victor_hugo/lorsque_lenfant_parait)