Lorsque Valborg, une vieille dame très malade, vient demander à Konrad de l’aider à retrouver l’enfant qu’elle a abandonné (un peu clandestinement) à la naissance, ce dernier l’éconduit gentiment. Depuis qu’il n’est plus en activité tout le monde a l’air de le considérer comme un détective privé alors qu’il n’est qu’un flic en retraite qui s’ennuie. Et lorsque la malheureuse femme se fait tuer lors d’un cambriolage quelques semaines après, il s’en veut de lui avoir refusé son aide. Il part alors à la recherche de cet enfant, aujourd’hui quinquagénaire. Son enquête va l’amener à découvrir que la jeune Valborg avait été violée au début des années 70, que le mouvement anti-avortement islandais de cette époque n’a rien à envier aux Américains et que dans un tout petit pays comme l’Islande, le Destin peut se montrer d’une cruauté inouïe.
J’enchaîne les romans d’Arnaldur Indridason, et plus particulièrement la série « Konrad » sans lever le pied. En fait j’aime bien ces histoires islandaises un peu « exotiques », avec ces noms propres imprononçables, ces prénoms très étranges, ces personnages attachants. Dans « La Pierre du Remords », Indridason lance son personnage sur la piste d’un enfant abandonné à la naissance dans des circonstances plus ou moins clandestines et met à jour une organisation pro-vie religieuse qui, dans les années 70, faisait le forcing auprès des jeunes femmes pour les dissuader d’avorter. Plus on avance dans l’intrigue, plus on se rend compte que cet enfant n’aura pas eu la chance d’avoir une belle vie, comme si le drame de sa conception lui collait à la peau. Comme d’habitude, Konrad mène l’enquête tout seul, juste armé de son carnet d’adresse d’ancien flic. Parallèlement, sa quête avec Eyglo d’informations sur leurs pères respectifs, leurs activités illégales et leurs morts prématurées se poursuit. D’aucun pourrait trouver que cette intrigue « fil rouge » prends une place de plus en plus grande, au point de parasiter un peu les romans. C’est vrai que, jusqu’ici, cette enquête de fond traîne en longueur et n’est pas non plus follement passionnante. Mais j’ai bonne espoir que tout cela se décante dans le quatrième (et dernier à ce jour) roman de cette série. L’épilogue de « La Pierre du Remords » m’a surprise, c’est une forme de pied de nez (très) cruel dont on peut discuter. Dans n’importe quelle autre communauté ce rebondissement paraîtrait trop énorme pour être vrai, mais dans ce petit pays où tout le monde « connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un », ça passe ! « La Pierre du Remords » est un bon roman noir, facile et rapide à lire, qui traite de sujets lourds comme les violences faites aux femmes, l’intolérance religieuse et la question de l’avortement. Et puis « le monde de l’éther », cet au-delà très islandais peuplé de fantômes, reste lui aussi très présent. Par le truchement d’Eyglo (dont les rapports avec Konrad sont fluctuants!), les défunts communiquent toujours avec les vivants. Cette petite touche de surnaturel, c’est le petit quelque chose en plus qui apporte du sel à ces romans noirs malgré très noirs.
L’enfant maudit
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