Au milieu des années 80, un homme d’affaires islandais, Sigurvin, a brusquement disparu sans laisser de trace. Konrad, aujourd’hui en retraite mais à l époque policier sur l’affaire, s’était cassé les dents sur cette enquête irrésolue, et cela avait pas mal nuit à sa carrière. Lorsque, à la faveur de réchauffement climatique, le corps gelé de Sigurvin réapparaît dans un glacier, Konrad se dit qu’il est peut-être désormais possible d’élucider cette affaire qui l’a tant marqué. Le partenaire professionnel de Sigurvin, Hjaltalin, a longtemps été soupçonné, cela a ruiné sa vie. Aujourd’hui très malade, ce dernier insiste pour que Konrad lave son honneur en élucidant ce crime. Bien que retraité, il se lance donc dans une enquête « à l’ancienne », hors procédure, en faisant jouer ses anciennes relations pour déterminer enfin qui a tué ce jeune homme avant de jeter son corps dans un des glaciers les plus emblématiques d’Islande.
C’est ma première incursion dans l’univers de l’écrivain islandais Arnaldur Indridason, et le hasard a voulu que ce soit par un livre audio (deuxième expérience en la matière, plus probante que la première car les 60 chapitres sont courts, tous de longueurs à peu près comparables et le roman n’est pas trop long), le premier volume de sa série « Konrad » (il a plusieurs héros récurrents). J’ai donc fait connaissance avec ce flic retraité sympathique, veuf et qui s’ennuie quand même pas mal avec sa nouvelle vie. Déjà, ce personnage à une histoire riche et l’auteur prend le temps de développer longuement certains aspects, parfois même sur des chapitres entiers, afin de poser les bases de ce personnage qu’on est amené à revoir : il est légèrement handicapé d’un bras, et ses relations avec son père étaient exécrables. Son père était un escroc notoire assassiné dans des circonstances très obscures. Il n’a pas toujours eu avec ses collègues ou ses chefs des relations apaisées et constructives : il a un caractère assez trempé. Il enquête pour son compte sur un double cold case qui, on le comprend d’emblée, sont intimement liés : la disparition de Sigurvin dans les années 80 et à présent la découverte de son corps, et la mort dans un accident de la circulation d’un jeune homme, Willy, à la sortir d’un bar à la fin des années 90. Konrad rencontre pas mal de gens (attention, les noms islandais étant ce qu’ils sont, il faut parfois s’accrocher pour s’y retrouver!), glane des indices, fait des recoupements, bref : une enquête classique. C’est efficace, sans esbroufe et sans prétention : on suit tout cela sans problème jusqu’au dénouement. Tout et crédible, à hauteur d’homme, parfaitement bien mené. Même si on n’est pas époustouflé par l’intrigue, sans réels coups de théâtre, l’ensemble reste cohérent et agréable. Ce roman est l’occasion aussi de mettre un pied en Islande : le prohibition de l’alcool pendant de longues années qui a conduit à l’explosion du trafic, la crise de 2008 qui a ruiné une grande partie de la population, le réchauffement climatique qui menace les glaciers millénaires de l’île, le volcanisme quasi permanent, la menace du sur-tourisme, voilà quelques thèmes effleurés par le roman pour que l’on puisse s’acclimater à cette petite île perdue dans l’Atlantique Nord. Et puis l’Islande ce n’est pas bien grand, et même si tout le monde ne connaît pas tout le monde, cela reste au final une petite communauté au regard de l’anonymat de nos grandes métropole : cela a son importance quand une enquête de police doit être menée. Cette première incursion très sympathique et dépaysante chez Indridason en appelle d’autres, c’est certain...
Hibernatus...
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