Sebastien N- 16/04/2023

Un premier tome sublime

Il y a toujours un moment où « ça bascule ». Que ce soit au sens large et historique où une étincelle fini toujours par jaillir pour entraîner les peuples ou que ce soit au niveau personnel. Dans sa capacité à s’engager sans être forcément convaincu initialement ou quand la décision devient une obligation, une évidence. Il est toujours trop tard après. Trop tard pour se demander pourquoi, trop tard pour changer ses actions, trop tard pour regretter. Mais si au final ce n’était pas ça la beauté : la capacité à se décider et à se lancer par passion ou par conviction et se trouver là où l’on se réalise vraiment, là où on peut être soit même. Dans « le chant des Asturies » on suit plusieurs familles dans une Espagne divisée entre monarchie et république, et l’on guette l’arrivée de cette bascule inéluctable. Apolino le mineur qui poussé au dégoût finira par se lancer dans la grève, Tristan le petit bourgeois sans goût de vivre qui retrouvera l’envie grâce à l’amour ou les riches propriétaires qui tomberont dans la précarité d’une fuite pour sauver leurs vies. Autant d’histoires bousculées décrites minutieusement par Alfonso Zapico qui excelle tant dans la narration que dans le dessin de cette Espagne en ébullition.