En s’emparant de sujets brûlants tels l’avortement et la maternité, Jean Hegland nous livre un récit aussi bien universel qu’intemporel sur la condition féminine, la fonction de la famille, la répartition des tâches et la charge mentale au sein d’un couple… et ce que c’est que d’être mère. Résumer, donc, ce pavé à « une histoire sur la maternité », c’est enlevé l’essence même de ce qui fait de ce récit un splendide et profond roman.
Anna et Cerise n’ont, pour ainsi dire, rien en commun. Sauf le fait de tomber enceinte par accident, à l’adolescence. Alors qu’Anna étudie la photographie avec brio et talent, laissant présager d’un avenir radieux ; Cerise, quant à elle, est une lycéenne malmenée par la vie, qui ne rêve que d’un peu d’amour pour échapper à son quotidien étouffant avec sa mère qui peine à joindre les deux bouts. Lorsque toutes deux découvrent le pot aux roses, Anna décide d’avorter et tandis que Cerise, elle, décide de mener sa grossesse à terme. Enfin, elle décide, tout est relatif : Cerise, de par sa condition sociale, n’a pas connaissance de toutes les options qui s’offrent à elle ; seulement de celles que ce couple pro-vie lui présentent : garder le bébé et l’élever, ou garder le bébé et le faire adopter.
Au fil des années, les deux jeunes femmes grandissent et deviennent des adultes à part entière. Si elles ont chacune pris une décision différente, leur choix les aura marquées à vie, façonnant, irrémédiablement, une partie de celle qu’elles sont aujourd’hui. De jours en jours, elles apprennent ce que c’est que d’être mère, d’être femme. Loin des stéréotypes dorés et édulcorés sur la maternité, les deux femmes tentent de faire au mieux, avec ce qu’elles sont. Avec leurs cicatrices, leurs joies et leurs peines.
Jean Hegland, bien loin de nous présenter un simple roman sur la maternité, en profite pour dénoncer le système social américain qui ostracise et condamne à ne jamais être en mesure de sortir la tête de l’eau. Un système sclérosé, paralysé, incapable de dépasser le mythe du self-made man, pour tendre la main à autrui. Ce roman a été écrit en 2004 et 17 ans après, il est plus que jamais dans l’air du temps...
Un roman sociologique comme je les aime, qui se veut bien plus profond et psychologique qu’il ne laisse paraître.
Mal de mères
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