Chris5867- 16/04/2022

Disparition volontaire

J’aimais beaucoup l’idée de départ, celle de la disparition volontaire, de cette femme qui quitte tout un beau matin, qui prends sa valise, son fric, prends un train pour Londres, change de nom et recommence une nouvelle vie à partir de zéro, en ayant tiré un trait sur son passé. C’est un phénomène plus répandu qu’on ne l’imagine et assez fascinant, ne serait-ce que parce qu’on a tous été tenté, un jour, de le faire. Le roman de Tina Seskis part donc d’une idée forte et les premiers chapitres sont prometteurs. On peut être un peu rebuté quand même par la construction chronologiquement éclatée de son récit : retour en arrière, bond en avant, re-retour en arrière. On est même un peu désemparé aussi de la voir faire des digressions dont on ne comprend pas l’intérêt sur le moment (ni même une fois le livre terminé, ce qui est encore pire) : l’enfance d’un personnage secondaire, les aventures extra-conjugales (navrantes) d’un père à la dérive, tout cela n’apporte pas grand-chose au récit d’Emily (qui se fait désormais appeler Cat). Mais bon, si on ferme les yeux sur ces chapitres un peu décalés, heureusement assez rares et assez courts, reste l’histoire de la seconde vie qui démarre à partir de rien : une colocation dans une villa miteuse de Londres, un job de réceptionniste, etc… Le souci du livre de Seskis, c’est qu’à partir du milieu du roman, on y croit déjà beaucoup moins : en moins de 6 mois, Cat se retrouve à un poste de responsabilité, a emménagé dans une belle maison, se fringue avec des vêtements de marque… et prends de la cocaïne pour tenir le coup ! A partir de là, le récit part un peu en sucette, jusqu’à frôler le n’importe quoi (le chapitre avec le footballeur). A partir de là, on se demande si l’auteure savait comment terminer son histoire ! Bien-sur, elle avait en réserve un coup de théâtre qu’elle gardait au chaud depuis le début et qui m’a évidemment surprise (c’est le but en même temps) mais il faudrait presque relire le roman pour s’assurer que cette révélation est cohérente avec le récit. C’est un gros rebondissement, et on sent bien que c’est là que Seskis voulait en venir et pas ailleurs, finalement son histoire de disparition volontaire n’était qu’un prétexte à mettre en scène de coup de théâtre. La toute fin est aussi un peu bizarre : happy end ou pas, le roman cherche sa voie et quand il la trouve, c’est en partie trop tard, on ne se sent plus tellement en empathie avec cette femme. En résumé, « Partir » est un premier roman plein de petits défauts, qui ne parvient pas à exploiter dignement sa bonne idée de départ. Mais c’est un premier roman, il faut être un peu indulgent et le style agréable de l’auteure est quand même prometteur. Peut-être sont second roman sera plus aboutit et cohérent tout en restant agréable à lire ?