Lucyle- 13/10/2019

Rhapsodie des oubliés est un premier roman très poétique sur des thèmes forts.

Rhapsodie des oubliés est un hommage au 18ème arrondissement et à sa population, celle qu’on ne veut pas montrer aux touristes. C’est un hommage à tous ses migrants qui sont arrivés en France après avoir fui leur pays pour diverses raisons et qui se retrouvent à vivre dans la misère à Barbès. Sofia Aouine nous plonge dans tout cela à travers les yeux de Abad, 14 ans, en explorant des thèmes aussi sombres et importants que le traffic d’être humain, le jihad, Alzheimer, le racisme, etc. tout en posant dessus un regard enfantin et en réussissant à être souvent drôle sur des sujets très lourds. On retrouve Abad et ses copains, placés sous surveillance policière après avoir créé une émeute entre islamistes et femens, alors qu’ils voulaient juste regarder des seins à fleurs et découvrir la bagnette rue Léon. Le vocabulaire utilisé par Abad est souvent léger et permet de dédramatiser des situations qui sont pourtant très graves et importantes, comme lorsqu’il décide de partir en guerre contre les “Barbapapas”, ces islamistes 2.0. mi-shit mi-prière. Il est également obligé d’aller voir une psy, “la dame d’ouvrir dedans”, qui est gentille même si elle pue, et qui n’habite pas à Tatillywood, près du Boulevard des Rêves Brisés, mais de l’autre côté de Montmartre, du côté touristes, du côté Paris d’Amelie Poulain. On y retrouve aussi la fille d’en face, petite fille voilée par ordre de son père et surtout de son frère, et qui écrit son journal intime sur wattpad, à la vue de tous, seul moyen pour elle de se faire entendre, elle qui n’a même pas le droit de sortir. Rhapsodie des oubliés est un livre profondément humain, capable de nous faire passer du rire aux larmes en quelques pages, sur le plus bel arrondissement de Paris : le 18ème arrondissement. Sur ces gens que l’on croise tous les jours, de toute religion ou origine, et auxquels on ne fait pas forcément attention, du petit roumain de Moldavie à la pute camerounaise envoyée là par sa mère. “De toute façon, dans cette ville, un Arabe ça reste un Arabe, surtout si tu viens de Barbes”.